Les toits couverts d'écorces de hinoki (cyprès du Japon), sont appelés hiwadabuki. Ce toit traditionnel est utilisé pour les sanctuaires, alors que la plupart des maisons sont couvertes de tuiles de terre cuite. La terre, que les gens foulent, est en effet considérée comme impure pour fabriquer les toits de sanctuaires, où résident les dieux du shintō. Dans l'architecture japonaise, le toit est une partie importante du bâtiment. Les toits caractérisés par des galbes parfaits, nagare-zukuri (nagare = galbe, zukuri = style), sont particulièrement appréciés.
Le rite de remplacement des écorces est appelé shikinen-sengu. Il a lieu tous les 20 ans dans le sanctuaire Ise, dans la préfecture de Mie, et tous les 30 ans dans le sanctuaire Kamigamo, à Kyōto. Dans ce dernier, une soixantaine de bâtiments sont construits avec des toits d'écorces. Les écorces fines sont difficiles à manipuler mais permettent de construire des toits majestueux. Pour utiliser les écorces, il faut d'abord les ramollir en les humidifiant, avant de les superposer soigneusement sur la charpente. Sur les toits en réfection, on peut voir les couvreurs avec une trentaine de clous en bambous dans la bouche. Ils les utilisent pour attacher les écorces à la charpente. La pointe de leur marteau est sillonnée pour écraser la tête du clou. Ils coupent ensuite l'excédent de longueur des écorces au bout de l'avant-toit. Ils mettent tous les jours une chemise propre avant de monter sur le toit de la maison des dieux.
D'où viennent ces écorces ? Nichées au cœur de la ville de Nantan, dans la préfecture de Kyōto, les futaies centenaires du village de Hiyoshi fournissent la matière première pour réaliser ces toits traditionnels. Les écorceurs, en japonais motokawashi, viennent prendre des écorces entre septembre et mars, période où les cyprès n'absorbent pas d'eau. Ils commencent à écorcer le pied de l'arbre avec une spatule en bois. Ils entortillent ensuite une corde autour du tronc et décollent les écorces en remontant le long de l'arbre. Les écorces se régénèrent en dix ans et leur qualité s'améliore avec le temps. Il faut ensuite égaliser l'épaisseur de ces matériaux avec une longue serpe. L'artisan pique alors les écorces avec la pointe d'un couteau pour qu'elles se collent l'une à l'autre. Cette étape demande plus d'efforts que l'étape de couverture des toits. Certains disent qu'il faut dix ans pour devenir un artisan accompli.
Cependant, on estime que le hiwadabuki sera difficile à perpétuer dans l'avenir proche à cause du manque de matière première. C'est pour cela que, dans certains sanctuaires, on trouve des panneaux de recrutement de bailleurs de fonds pour les cyprès.
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