Qui est Kishida Fumio, probable nouvelle figure officielle du Japon ?
Kishida Fumio a été élu chef du PLD le 29 septembre 2021 et devrait donc logiquement succéder à Suga Yoshihide comme premier ministre du Japon (confirmation lundi).
Né le 29 juillet 1957 à Tokyo, d’une famille de politiciens (son père et son grand-père étaient déjà des membres influents du PLD), il est diplômé de la Faculté de droit de l'Université Waseda en 1982, puis embauché à la Nippon chōkishin'yō ginkō (Banque japonaise de crédit à long terme). Il est originaire de Hiroshima et plusieurs membres de sa famille seraient morts dans l’explosion de la bombe atomique.
En 1987, il devient secrétaire de la Chambre des représentants. Lors de la 40ème élection générale de la Chambre des représentants, en 1993, il en devient le premier membre élu. En 1997, il est élu président du sous-comité de la Chambre des représentants pour les questions d’étiquetage des aliments génétiquement modifiés, en particulier du soja transgénique. Il devient également la même année, Directeur du Bureau de la Jeunesse du Parti Libéral Démocrate (PLD). Il s’occupe aussi du rapprochement PLD-Taïwan. En 1998, il est élu membre du comité directeur de la Chambre des représentants. En 1999, il devient sous-secrétaire d’Etat à la construction (2ème cabinet Obuchi). En 2000, il est président de la fédération d’Hiroshima du PLD, sous-secrétaire d’Etat à la construction (cabinet Mori), ainsi que président du département de commerce et d’industrie du PLD. En 2001, il est directeur du bureau comptable du PLD et vice-ministre de l’Education, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie (cabinet Koizumi). En 2004, il est reconduit à son poste de directeur du bureau comptable du PLD puis il est élu président de la commission du bien-être et du travail à la Chambre des représentants, en 2005.
En 2007, il devient ministre d’état (cabinet Fukuda) chargé des missions spéciales (Okinawa et territoires du Nord, vie quotidienne du peuple, politique scientifique et technologique, réforme de la réglementation). Il en profite pour se promener un peu partout. En 2008, il prend également la casquette de ministre du gouvernement en charge de la promotion administrative des consommateurs (mise en place d’une administration pour les consommateurs dans les agences de promotion industrielle et création d’une Agence de la consommation), ministre du développement spatial, président d’enquête sur les consommateurs pour le PLD, vice-président et secrétaire général du groupe d’étude sur la sécurité routière et Directeur général du PLD. En 2010, il est président de la fédération d’Hiroshima du PLD. En 2011, il devient président du comité d’opposition à la Diète, pour le PLD. En 2012, il devient président de la faction la plus ancienne du PLD, Kochikai, et ministre des affaires étrangères (cabinets Abe). Il s’occupe en particulier de la réunion des ministres des affaires étrangères lors du G7 à Hiroshima et accueille le président américain Obama lors de sa visite à Hiroshima. En 2017, il cumule le poste de ministre de la défense à celui des affaires étrangères. De 2017 à 2019, il devient président d’enquête pour la politique du PLD (chargé de récolter des informations et des idées pour le compte du PLD).
Ce politicien de carrière arrivera-t-il à apporter du changement dans la politique figée du Japon ? Rien n’est moins sûr. A moins que son appartenance à la Nippon Kaigi, comme presque tous les membres du PLD, ne le pousse à engager un retour aux valeurs japonaises d’avant-guerre. Ce lobby d’extrême-droite, rassemblant près de 40 000 membres parmi lesquels des membres de la Diète et des ministres, des chefs d’entreprises, des universitaires, des grands prêtres shinto, …, vise en effet à rétablir le régime impérial mis à mal par la constitution imposée par les américains après-guerre. Ils envisagent notamment le retour à l’empereur divin, à l’interdiction du trône aux femmes (soi-disant tradition depuis l’antiquité, ce que l’histoire réelle du Japon dément, puisqu’il y a eu des impératrices !), réhabilitation des Japonais condamnés au procès de Tokyo, culte du sanctuaire Yasukuni, retour à une grande armée impériale, révision de l’éducation nationale basée sur l’idéologie du Grand Japon (en effaçant au passage toutes les exactions commises par les Japonais sur les autres peuples asiatiques), … Bien sûr, le PLD ne se présente pas ouvertement comme ultra nationaliste et musèle les médias.
Le risque est donc grand que le gouvernement, qui adhère à ces idéologies nationalistes, finisse par les imposer au peuple, qui n’y adhère pas forcément et défend la constitution pacifiste d’après-guerre.
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