Le temple Ginkaku-ji, ou pavillon d'argent, à Kyōto, fut créé par le shōgun Ashikaga VIII, à la fin du 15ème siècle, le pavillon et son jardin font appel à l'esprit wabi-sabi, c'est-à-dire la sobriété et l'ancienneté. À la différence du pavillon d'or, Kinkaku-ji, construit un siècle plus tôt par Ashikaga III, le pavillon d'argent n'est pas couvert d'argent. Certains guides du tourisme mentionnent que le shōgun voulait le recouvrir d'argent mais qu'il n'en avait pas eu les moyens.
Cependant, des recherches menées en 2007, ont montré qu'il n'avait jamais été utilisé d'argent. En fait, une grande guerre a opposé le frère et le fils d'Ashikaga VIII pour lui succéder à la tête du clan. Par conséquent, la ville de Kyōto a subi de gros dégâts pendant dix ans. Yoshimasa était responsable de la guerre et s'est retiré à l'âge de 37 ans. A noter que, quand les Kyotoïtes parlent de "grande guerre", ils font généralement référence à la Guerre d'Ōnin (1467-1477) et non à la seconde guerre mondiale.
Après sa retraite et pour assumer la responsabilité de cette guerre, cet homme tourmenté a fait édifier une résidence sobre pour y finir sa vie. Après sa mort, le monument reçu le nom de "pavillon d'argent". Pourquoi ? Une simple comparaison avec le pavillon d'or ? La réponse se trouve dans son jardin de paysage emprunté, en japonais shakkei. Il s'agit d'une technique consistant à intégrer l'arrière-plan, montagne ou forêt, comme une partie du jardin, afin d'apprécier une parfaite harmonie avec la nature. Elle a aussi été utilisée dans les jardins du Kinkaku-ji et du Tenryū-ji, construit il y a 700 ans par le premier chef de ce clan.
Or, pour éviter l'utilisation de l'argent, symbole de puissance qui risquait de provoquer d'autres guerres inutiles, Ashikaga VIII a intégré le paysage bien au-delà des montagnes : il a utilisé la lune. Devant le pavillon, il a fondé une estrade de sable en forme de cône tronqué. Le soir, la lune s'y reflète et éclaire le pavillon, lui donnant cette couleur argent. Voilà pourquoi il s'appelle aujourd'hui "pavillon d'argent" alors que le shōgun n'a jamais fait appel à ce métal. Ce jardin magnifique est la cristallisation de l'esprit du bouddhisme zen, philosophie pour vivre heureux en ressentant le caractère éphémère de la nature.
Vers la fin de sa vie, il a dit : "Tout est éphémère, il ne me reste plus ni tristesse, ni plaisir.". "Ginkaku-ji" est le surnom donné au temple après la mort de Yoshimasa, en contraste avec le Kinkaku-ji. Ce temple s'appelle en réalité "Jishō-ji", nom de moine bouddhiste de Yoshimasa.
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