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Langue japonaise


Aujourd'hui, 12 décembre, c'est la journée du kanji, au Japon. Il existe même un musée du kanji, à Kyōto, pour ceux que ça intéresse.

Le japonais n'est parlé que dans un seul pays : le Japon. Le japonais standard correspond en fait au dialecte de Tōkyō. Il existe bien sûr d'autres dialectes selon les régions, comme le Kansaiben, parlé dans le Kinki (Ōsaka, Kyōto, ...), les dialectes des Ryūkyū (Okinawa), ceux de Kyūshū, celui de Shikoku, celui de Hokkaidō, ... Il en existe au total plus d'une vingtaine, répartis en quatre grands groupes dialectaux : ceux de l'est du Japon (Kantō, Tōhoku, Hokkaidō), ceux de l'ouest du Japon (Chūbu, Kinki, Chūgoku, Shikoku), ceux de Kyūshū et ceux des Ryūkyū (Okinawa). Ces séparations sont dues aux facteurs historiques et géographiques : le pays étant montagneux et composé de milliers d'îles, le peuple migrait rarement. En conséquence, plusieurs dialectes ont vu le jour dans cette petite nation (380 000 km²) et il existe encore actuellement des différences régionales. Les Japonais peuvent ainsi deviner le lieu de naissance de quelqu'un aux expressions qu'il emploie.

Le japonais appartient au même groupe linguistique que le coréen et il y a des points similaires de grammaire et de vocabulaire entre ces deux langues.

Le japonais de Tōkyō

Les mots japonais n'ont pas de genre et il n'existe pas d'articles. Le verbe venant en fin de phrase, il faut écouter jusqu'au bout pour comprendre les propos de son interlocuteur. Tandis que l'alphabet européen est constitué de phonogrammes, le japonais est constitué d'idéogrammes, représentés par 48 hiragana, 48 katakana et plus de 4000 kanji (caractères chinois). Les hiragana et les katakana sont des lettres phonétiques. Ces premiers sont utilisés pour écrire les mots indigènes qui ne s'écrivent pas en kanji ou pour la conjugaison des verbes. Les katakana sont, eux, utilisés pour les mots importés.


Les kanji sont arrivés de Chine. Les étrangers ont donc tendance à penser que le japonais est proche du chinois puisque ces deux langues utilisent les kanji. Mais en réalité, d'un point de vue phonétique ou grammatical, ces deux langues n'ont fondamentalement rien en commun car les Japonais ont emprunté les kanji et les ont adaptés à leur langue. Le japonais reste une langue dont l'origine n'est pas clairement définie, et en dépit des efforts de nombreux spécialistes, c'est tout au plus son appartenance au même groupe linguistique que le coréen qui a pu être élucidée jusqu'ici. Les kanji diffèrent des hiragana et des katakana car chaque kanji peut avoir un ou plusieurs sens et plusieurs prononciations. On utilise environ deux mille kanji dans la vie courante. Mais pour passer l'examen Nihon kanji nōryoku kentei, test populaire au Japon, les candidats doivent maîtriser trois à quatre mille kanji.

La lecture du kanji se divise en deux groupes, on-yomi et kun-yomi. La lecture on-yomi est basée sur la prononciation chinoise, tandis que la lecture kun-yomi est la prononciation japonaise adaptée au kanji après leur importation. Il y a donc plusieurs manières de lire les kanji au Japon. Par convention, dans les dictionnaires, l'écriture kun-yomi est en hiragana ou en alphabet occidental (rōmaji) minuscule et l'écriture on-yomi en katakana ou en alphabet occidental majuscule. L'apprentissage des kanji demande beaucoup de temps et à la fin de l'école primaire, les enfants connaissent un millier de caractères.

La composition du kanji est intéressante. Certains sont très imagés comme celui de l'arbre (ki, BOKU, MOKU) qui mime la forme d'un arbre. Les kanji les plus compliqués vous paraîtront difficile à apprendre au premier coup d'œil, mais ils sont en fait une composition d'éléments plus simples. Le kanji "bois" (-bayashi, hayashi, RIN) correspond à deux fois le kanji de l'arbre, quant à "forêt" (mori, SHIN), il est constitué de trois fois ce même kanji "arbre". La plupart des kanji ont été créés de cette manière. Il n'est donc pas difficile d'imaginer le sens des mots en les décomposant.

木 → 林 → 森

Les Japonais utilisent un clavier d'ordinateur qwerty. Un logiciel propose ensuite un menu déroulant avec les kanji, hiragana ou katakana correspondant aux sons tapés. Par exemple, si on écrit 'a' et 'i', ce logiciel les change en hiragana. Pour le changer en kanji ou katakana, on frappe la barre d'espace. L'écran propose alors différents kanji : amour, indigo, rencontrer, correspondre, mutuel… qui se prononcent tous [ai]. Il suffit de taper la barre espace pour les faire défiler.

Pour les téléphones portables, la touche 1 correspond aux cinq caractères de la ligne 'a', le 2 à 'ka', le 3 à 'sa', le 4 à 'ta', le 5 à 'na', le 6 à 'ha', le 7 à 'ma', le 8 à 'ya', le 9 à 'ra' et le 0 à 'wa et n'. Ainsi, si on frappe deux fois la touche 2, l'écran affiche 'ki'; si on tape quatre fois le 7, c'est 'me'. Au Japon, les jeunes tapent extrêmement vite sur leur portable.

Le japonais n'a que cinq voyelles (a, i, u, e, o) et aucune voyelle nasale. C'est pour cela que les Japonais ont du mal à apprendre les langues étrangères. Ils utilisent plusieurs mots étrangers importés au Japon, mais dans leur tête, ils les transcrivent comme des associations de katakana. Le japonais contient plus de 20 000 mots empruntés à l'anglais, comme terebi (télévision). Il y a aussi des mots venus du français mais les Japonais les utilisent dans un sens différent de leur sens originel. Par exemple, abekku (avec) s'utilise pour dire "couple" et saboru (de saboter), veut dire "tirer au flanc".

Comme la différence entre 'tu' et 'vous' en français, le rapport entre le locuteur et l'interlocuteur est important dans la langue japonaise, qui demande le respect strict à l'égard des supérieurs. Les verbes ont des conjugaisons spécifiques selon l'ordre hiérarchique et les situations. Ceci résulte des circonstances sociales de l'époque Meiji (1868-1912) où les Japonais, suite à l'ouverture du pays aux étrangers, ont compilé leurs anciens dialectes et développé une langue contemporaine pour contribuer à l'unification de leur territoire : en parlant la même langue, les Japonais sont davantage unis. Ainsi, la langue standard (hyōjungo) est-elle utilisée aujourd'hui à Tōkyō et dans les bulletins d'informations.

Alors qu'en français on n'utilise que "je" pour parler de soi, le japonais se sert de "boku" ou "ore" pour les hommes et "watashi" ou "atashi" pour les femmes. "Ore" ne doit s'utiliser qu'entre amis. Dans le travail ou les scènes formelles, nous devons tous dire "watashi" et utiliser les termes honorifiques, keigo. D'ailleurs, dans les couples âgés, certaines japonaises utilisent parfois les keigo dans leur conversation pour parler de leur mari. De plus, alors que les mots japonais n'ont pas de genre, certains termes sont convenables seulement pour les hommes, d'autres pour les femmes. Exemple : pour dire "j'ai faim", les femmes devraient dire "onaka ga suita", et non "hara hetta".


Le dialecte du Kansai ou Kansaiben

Les habitants de Kyōto utilisent un dialecte, appelé kyō-kotoba et plus généralement Kansaiben (car utilisé dans tout le Kansai). Ils insistent plus longuement sur les voyelles que le japonais standard et leurs formules de politesse sont assez particulières. Utilisant des périphrases, ce langage donne une touche gracieuse à la langue. Les habitants de Kyōto sont contents lorsque les voyageurs étrangers essayent de le parler. Que diriez-vous d'apprendre quelques mots? Vous devez prononcer la dernière voyelle comme une voyelle longue.

ōkini, merci
ohayōsandosu, bonjour
obandosu, bonsoir
okoshiyasu, bienvenue
okibariyasu, bon courage
sainara / oyakamassan, au revoir
gomenyasu, excusez-moi / au revoir
kannin shitokure yasu, je suis vraiment désolé(e)
kore okureyasu, je prends ça, s'il vous plaît
irimahen, non merci
akimahen, ce n'est pas bien / ce n'est pas à mon goût
omosuji, sushi
ate / uchi, je
urekoi, je suis content
warakeru, c'est drôle
honma ? c'est vrai ?
honma ni atsu (samu) osu na !, il fait vraiment chaud (froid) !


Uchi wa Koto iimasu.            Je m'appelle Koto.
Kyōto umare dosu.               Je suis né à Kyōto.
Yoroshū otanomōshimasu.  Soyez bienveillant à mon égard.
Dōmo ōkini.                          Merci beaucoup.


Attention ! Si vous rendez visite à un(e) ami(e) à Kyōto et que vous y restez trop longtemps, il (elle) pourra vous dire : " bubu-zuke demo dōdosu ? "(vous voulez mangez du riz au thé ?), qui traduit le désir de vous faire rentrer au plus tôt, sans le formuler directement. A ce moment là, il est de mauvais ton de répondre " oui " si vous ne voulez pas l'embêter. Les expressions des gens de Kyōto sont toujours indirectes et profondes de sens.

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