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Kyoto (Kyoto)


Bien qu'elle ne possède aucun aéroport international, Kyōto est la ville la plus visitée du Japon pour ses nombreux monuments historiques, dont 1681 temples bouddhistes et 812 sanctuaires shintō, ainsi que son atmosphère traditionnelle. La rencontre avec les autochtones, les commerçants et les artisans vous fera apprécier combien les Kyotoïtes sont fiers de leur ville ainsi que leur engagement pour conserver les traditions. La ville de Kyōto fut créée en 794 dans un bassin étroit, qui mesure 40km du nord au sud et 20km d'ouest en est. Entourée de montagnes, il y fait chaud et humide en été et froid en hiver. Les rues de Kyōto se croisent à angle droit comme un échiquier géant, ce qui les rend très faciles à parcourir. Elles furent aménagées sur le modèle de la ville chinoise, Chang'an. Kyōto est actuellement la septième plus grande ville du Japon, après Tōkyō, Ōsaka, Yokohama, Nagoya, Sapporo et Kōbe. La population actuelle est de 1,5 millions d'habitants dans la ville de Kyōto et 2,6 millions dans le département de Kyōto.

Voici un panoramique de la ville de Kyoto, depuis le Mont Daimonji. Cette montagne est connue pour son symbole 大 écrit en feu, le jour de la fête de O-bon.

La vie de cette ville est rythmée par les saisons. La culture, les traditions et les monuments historiques s'intègrent parfaitement à la nature environnante. Pas moins de 16 monuments sont classés au patrimoine mondial de l'UNESCO : les temples Tō-ji, Kiyomizu-dera, Enryaku-ji, Daigo-ji, Ninna-ji, Kōzan-ji, Saihō-ji, Tenryū-ji, Kinkaku-ji (Pavillon d'Or), Ginkaku-ji (Pavillon d'Argent), Ryōan-ji, Hongan-ji, ainsi que les sanctuaires Kamigamo-jinja, Shimogamo-jinja, Ujigami-jinja et le château de Nijō.

Vous pouvez ou plutôt devez compter 1 à 2 semaines pour découvrir cette ville millénaire qui fut pour un temps l'ancienne capitale du Japon.

Située à l'ouest du lac Biwa, Kyōto se trouve à 500 kilomètres de Tōkyō, soit environ 2 heures et demie en shinkansen, le TGV Japonais. Elle est aussi accessible depuis l'Aéroport Kansai Osaka, KIX, en environ 1 heure et demie, par le train Express Haruka de la compagnie JR ou les navettes des compagnies MK et Yasaka.

Le château de Nijō


Tokugawa Ieyasu a fait construire le château de Nijō à Kyōto en 1603 avant sa proclamation de Seii-tai-shōgun, shōgun des shōgun. Comme cet endroit se situe près du Palais impérial, il semble avoir voulu surveiller les mouvements de l'Empereur : le clan Tokugawa a installé son gouvernement et résidé à Edo, actuelle Tōkyō, alors que la cour impériale restait à Kyōto.

Après le séjour du troisième shōgun, Iemitsu, ce château n'a accueilli aucune visite de ce clan jusqu'au quatorzième shōgun, Iemochi. L'autorité de cette famille s'est achevée avec le quinzième shōgun Yoshinobu, qui a annoncé dans ce château la restitution de ses pouvoirs à la cour impériale, événement déterminant pour la Restauration de Meiji. Par un jeu du destin, l'époque d'Edo a débuté et s'est terminée dans le même château. Les tableaux solennels peints sur les portes coulissantes des pièces par la famille Kanō font imaginer le prestige du shōgun d'alors.

Les peintures de tigres et de léopards sur les portes coulissantes étaient destinées à intimider les seigneurs féodaux dès qu'ils entraient dans ces pièces. À l'époque, il n'existait pas de télévision ni de photo permettant de connaître les animaux sauvages. Les seigneurs étaient invités sans préambule à s'asseoir au milieu de cette grande salle, sous le regard farouche des animaux qui les observaient de tous côtés. Le shōgun Tokugawa a ainsi réussi à décourager ses vassaux d'une éventuelle rébellion dès le début de leur visite.

Accès au château de Nijō : descendez à la gare de Kyōto et prenez le métro jusqu'à Nijō-jō-mae.

Arashiyama

Arashiyama se situe à la limite ouest de la ville et attire un grand nombre de voyageurs. Sa rivière limpide, changeant de nom d'amont en aval (Hozu, Ōi et Katsura) s'écoule dans une vallée montagneuse. On peut la traverser par le pont "Togetsu-kyō", littéralement "la lune qui traverse le pont". La pêche aux cormorans se fait en été. Si vous vous avancez vers la montagne, une forêt de bambous vous attendra. En automne, vous pourrez y assister aux festivals kōyō (novembre) et hanatōro (décembre).

Le hozugawa-kudari, descente de la rivière Hozu en barque, est magnifique. Dans un voyage d'une heure et demie de barque, vous apercevez le paysage et le panorama d'Arashiyama.

Accès à Arashiyama : en train, à la station JR de Kyōto, prenez la ligne San-in (Sagano) quais 31 à 34 et descendez à Saga-Arashiyama (15min.), ou empruntez le train Randen (Keifuku-Railway) et descendez à la station Arashiyama (terminus). En bus, prenez les lignes 11, 28, 73, 91 ou 93.

Giō-ji 

Couvert de mousse et entouré de bambous, Giō-ji, situé à 20 minutes à pied de la fameuse forêt de bambou, est un beau temple du quartier Arashiyama. Cet ermitage est en l'honneur d'une femme du XIIème siècle, Giō. Elle habitait à Kyōto et était réputée être une ravissante danseuse. Elle pratiquait le shirabyōshi, sorte de danse exécutée exclusivement par des femmes portant un habit masculin tout blanc. Pour sa beauté, Giō était aimée par le gouverneur d'alors, Taira-no-Kiyomori. Ils commencèrent donc à vivre ensemble.

Un jour, une fille frappa à la porte de leur maison. Elle s'appelait Hotoke-gōzen. Alors que le mari refusait son entrée, Giō ouvrit la porte, éprouvant de la pitié pour cette fille. Cette dernière, qui était aussi danseuse de shirabyōshi, montra sa virtuosité à l'homme. Son art étant plus élégant que celui de Giō, le mari, séduit, chassa sa femme de chez lui ; à l'époque, Giō avait 21 ans et Hotoke-gōzen, 17.

Abattue par la tristesse, Giō se retira du monde avec sa mère et sa sœur. Elle se rasa la tête et mena une vie solitaire dans ce petit temple. Son haiku (poème à 5-7-5 syllabes) exprime ses douleurs sentimentales : Mijikayo no Yume ubau mono Hototogisu (Ce qui m'a privé d'un rêve d'une nuit courte, c'était un coucou.).

Quelques années plus tard, elle eu la visite de Hotoke-gōzen, qui avait ravi son ex-mari. Tourmentée par la culpabilité, Hotoke-gōzen n'avait pas pu continuer à vivre avec l'homme. Après réconciliation, elles vécurent ensemble paisiblement.

Cet épisode est décrit dans "Le dit de Heike", ancienne histoire du XIIème siècle au sujet de la famille Taira. A noter que l'époux de Giō fit construire le sanctuaire Itsukushima sur l'île Miyajima (voir Chūgoku).

Aujourd'hui, Giō-ji est renommé pour son jardin de mousse entouré de bambous. Le sol étant argileux et imperméable, la mousse est souvent utilisée dans les temples de Kyōto.

Ōtagi-nenbutsu-ji


Juste devant le tunnel de Kiyotaki, au nord du quartier Arashiyama, vous pourrez voir le petit temple Ōtagi-nenbutsuji, qui compte 1200 statues très souriantes. A la différence du Jizō, petite statue pour protéger les enfants, les statues de ce temple s'appellent Rakan. Elles représentent les personnes ayant atteint la dernière étape des exercices du bouddhisme. Autrement dit, le Jizō est un enfant et le Rakan, un adulte. Les Japonais croient toujours que ces statues protègent les habitants et les voyageurs qui visitent le temple. Les Rakan rient à gorge déployée. C'est lorsque ce temple a été déménagé ici que des fidèles et des gens locaux ont fabriqué ces 1200 statues : ils voulaient créer un temple unique pouvant accorder aux croyants une paix profonde. Le nom des artisans est gravé au dos des statues. Il n'y a pas deux statues identiques comme il n'y a pas deux humains identiques dans le monde. Le bouddhisme dit : "chacun a son caractère ou sa position, mais si on arrive à respecter les autres avec leurs différences, alors on sera sauvé par Bouddha." En marchant dans ce petit temple, les statues nous enseignent à quel point il est important de vivre paisiblement avec les autres. Fabriquées au cours du XX siècle, certaines statues tiennent une guitare ou un appareil photo.

À propos, pourquoi 1200 statues ? Lors du décès de Çakyamuni (Siddhartha Gautama), fondateur du bouddhisme, 500 disciples sont venus pour les funérailles et un an après, 700 disciples ont assisté à la cérémonie du premier anniversaire de sa mort. En l'honneur de cette histoire, les fidèles ont créé 1200 statues, correspondant au nombre de disciples de Bouddha.

Alors que ce monastère était autrefois au centre-ville de Kyōto, il a été déménagé en 1921 dans ce quartier très calme, appelé Saga-torīmoto, un lieu reculé d'Arashiyama. Depuis le 15ème siècle, des gens y sont venus et ont formé un hameau autour de la grande porte rouge, torī. Des paysans, des pêcheurs et des artisans ont trouvé cet endroit agréable et construit des maisons aux toits de chaume. Aujourd'hui, il y a près de cinquante maisons et il persiste une atmosphère tranquille. Ce quartier compte parmi les quatre sites traditionnels à sauvegarder de Kyōto avec Sannei-zaka, Gion-shinbashi et Kamigamo. Dans ces sites, il n'est pas permis de construire ou démolir les bâtiments sans autorisation afin de conserver le paysage.

Accès au temple Ōtagi-nenbutsuji : prenez le Kyōto-bus 72 devant la gare de Kyōto et descendez à Ōtagiji-mae.

Tenryū-ji


Le temple Tenryū-ji est le numéro un des temples zen de Kyōto. Au XIVème siècle, le shōgun Ashikaga Takauji rivalise avec l'Empereur Godaigo. Ils ambitionnent de créer un nouveau gouvernement mais leurs opinions s'opposent. Takauji chasse hors de Kyōto l'Empereur Godaigo, qui décède dans la montagne, au sud.

Autrefois on considérait que si les personnes importantes mouraient misérablement, cela provoquerait un tremblement de terre ou une catastrophe. Donc, pour honorer l'âme de l'Empereur, Takauji fit construire ce temple. Le nom du temple, Tenryūji, qui veut dire "temple du dragon dans le ciel" (ten : ciel, ryū : dragon, ji : temple), fut choisi parce que Tadayoshi, le frère de Takauji, rêva qu'un dragon d'or montait dans le ciel.

Pour information, Ashikaga Takauji est le premier shōgun du clan Ashikaga et son petit-fils Yoshimitsu, troisième shōgun d'Ashikaga, fit construire le Temple Kinkakuji (Pavillon d'or).

Le jardin du Tenryūji fut réalisé par le bonze-jardinier Musō Soseki. On dit que c'est le premier modèle de jardin "shakkei", mariage entre le jardin et la nature environnante. La première syllabe "sha" veut dire "emprunter" et "kei" veut dire "paysage". Le shakkei est donc un style qui intègre le paysage dans le jardin en un ensemble harmonieux. Ici, trois montagnes s'insèrent au jardin en arrière-plan : Arashiyama, Kameyama et Ogurayama. Le bâtiment du Tenryūji a été incendié une dizaine de fois, mais son jardin a conservé son aspect d'il y a 700 ans. Ce jardin est un véritable mariage de la culture aristocratique et du zen. Musō Soseki avait déjà 71 ans quand il a fini ce jardin. Il disait que la valeur des jardins ne dépend pas de ses rivières ni de ses montagnes mais de son âme.

Le jardin japonais est vraiment intéressant car il présente des éléments qui interpellent les visiteurs. Ici par exemple, au fond de l'étang où nagent les carpes, vous pourrez apercevoir un assemblage de roches. Il représente une cascade sans eau. Selon une légende chinoise, si une carpe parvient à remonter la cascade, elle peut devenir un dragon. Cependant il est difficile pour les poissons de la grimper. Cela veut dire qu'il faut faire des efforts pour franchir un obstacle et dépasser les difficultés de la vie pour grandir.

Si vous visitez ce temple le week-end ou un jour férié, vous pourrez regarder la fresque du dragon Unryū-zu au plafond. Au Japon, le dragon représente le dieu de l'eau. Il peut protéger les bâtiments du feu en apportant la pluie. Autrefois, les incendies représentaient un grave problème à Kyōto où les nombreuses maisons en bois étaient très serrées. Le dragon est donc considéré comme un dieu protecteur depuis longtemps surtout dans l'école du bouddhisme zen. Ce tableau mesure 10,6m sur 12,6m et le tarif d'entrée est de 500 yens (en supplément du tarif d'entrée du jardin). Ce dragon vous suit du regard quand vous changez de place, c'est pourquoi il est surnommé "Happō nirami no ryū" (dragon qui observe les huit directions).

Dans le jardin, vous trouverez un grand outil de calligraphie qui s'appelle "suzuri". Cet objet est très honoré car on dit que l'on pourra faire des progrès en calligraphie si on prie ici. Le fameux tableau du dragon a été peint avec ce grand suzuri. Cet outil est utilisé pour faire de l'encre. On met de l'eau dans la partie creuse et on y frotte un bâtonnet d'encre. Tous les enfants japonais apprennent la calligraphie à l'école. Elle est non seulement un moyen d'écrire mais aussi une façon d'exprimer la beauté et la profondeur du cœur.


Kinkaku-ji ou Pavillon d'or


Kinkaku-ji, en français "Pavillon d'or", est sans doute le monument le plus célèbre du Japon. Il est classé au patrimoine mondial de l'humanité. Construit par le shōgun Ashikaga Yoshimitsu en 1397, il est très connu pour son paysage lumineux et enchanteur. Cependant, il existe une anecdote peu connue sur ce temple.

Au 14ème siècle, Yoshimitsu envisageait, après une longue interruption, de reprendre l'import-export avec la Chine. La Chine étant le plus grand pays d'Asie, il pensait qu'il devait construire un bâtiment exceptionnel pour montrer son prestige, et pouvoir ainsi établir une relation d'égal à égal. Il décida donc de faire construire un pavillon partiellement recouvert d'or, environ 100 ans avant la découverte du continent américain et de sa richesse aurifère par Christophe Colomb.

Le pavillon a fasciné des invités tels que l'Empereur d'alors ainsi que de grandes personnalités chinoises. Sur le toit du pavillon, vous pourrez voir une statue de phénix qui symbolise la prospérité de Yoshimitsu. C'est un oiseau mythologique qui peut renaître plusieurs fois de ses cendres. Le paysage du temple est tellement magnifique qu'on se croirait au paradis.

Ashikaga Yoshimitsu, 3ème shōgun du clan Ashikaga, réussit, en 1392, à fédérer tous les seigneurs féodaux du Japon. Pour information, son grand-père, Takauji, 1er shōgun Ashikaga, a fait construire le Temple Tenryū-ji (à Arashiyama) et Yoshimasa, 8ème génération, a fait construire le Ginkaku-ji (Pavillon d'argent).

Le pavillon n'a jamais été endommagé au cours des guerres mais il fut brûlé en 1950. Ironiquement, l'incendiaire était un moine novice du Kinkaku-ji. Il était atteint d'une surdité congénitale et avait des problèmes dans sa vie. Un jour, il a tenté de s'immoler dans le jardin. Il a échoué mais le feu a pris dans le pavillon et l'a dévasté. Il a été arrêté par la police et sa mère qui habitait loin, est venue à Kyōto pour une entrevue. Mais à son retour, elle s'est suicidée en se jetant sous un train, peut-être parce qu'elle se sentait une part de responsabilité. Son fils est mort en prison.

Le supérieur du temple de cette époque, Murakami Jikai, a sillonné le pays pour récolter des dons pour sa reconstruction. Le Japon était encore pauvre après la défaite de la Seconde Guerre mondiale mais beaucoup de gens ont fait des offrandes, car le pavillon d'or était un symbole de renaissance.
Par rapport à autrefois, la raison d'être du Kinkaku-ji a donc beaucoup changé. Au 14ème siècle, il fut construit pour montrer le pouvoir du shōgun mais dans les années 1950, ce sont les citoyens qui voulurent le rebâtir. Ainsi il fut reconstruit en 1955, avec un budget de 740 millions de yens et recouvert de 5 fois plus d'or qu'il ne l'était auparavant.

Ginkaku-ji ou Pavillon d'argent


Le temple Ginkaku-ji, ou pavillon d'argent, à Kyōto, fut créé par le shōgun Ashikaga VIII, à la fin du 15ème siècle, le pavillon et son jardin font appel à l'esprit wabi-sabi, c'est-à-dire la sobriété et l'ancienneté. À la différence du pavillon d'or, Kinkaku-ji, construit un siècle plus tôt par Ashikaga III, le pavillon d'argent n'est pas couvert d'argent. Certains guides du tourisme mentionnent que le shōgun voulait le recouvrir d'argent mais qu'il n'en avait pas eu les moyens.

Cependant, des recherches menées en 2007, ont montré qu'il n'avait jamais été utilisé d'argent. En fait, une grande guerre a opposé le frère et le fils d'Ashikaga VIII pour lui succéder à la tête du clan. Par conséquent, la ville de Kyōto a subi de gros dégâts pendant dix ans. Yoshimasa était responsable de la guerre et s'est retiré à l'âge de 37 ans. A noter que, quand les Kyotoïtes parlent de "grande guerre", ils font généralement référence à la Guerre d'Ōnin (1467-1477) et non à la seconde guerre mondiale.

Après sa retraite et pour assumer la responsabilité de cette guerre, cet homme tourmenté a fait édifier une résidence sobre pour y finir sa vie. Après sa mort, le monument reçu le nom de "pavillon d'argent". Pourquoi ? Une simple comparaison avec le pavillon d'or ? La réponse se trouve dans son jardin de paysage emprunté, en japonais shakkei. Il s'agit d'une technique consistant à intégrer l'arrière-plan, montagne ou forêt, comme une partie du jardin, afin d'apprécier une parfaite harmonie avec la nature. Elle a aussi été utilisée dans les jardins du Kinkaku-ji et du Tenryū-ji, construit il y a 700 ans par le premier chef de ce clan.

Or, pour éviter l'utilisation de l'argent, symbole de puissance qui risquait de provoquer d'autres guerres inutiles, Ashikaga VIII a intégré le paysage bien au-delà des montagnes : il a utilisé la lune. Devant le pavillon, il a fondé une estrade de sable en forme de cône tronqué. Le soir, la lune s'y reflète et éclaire le pavillon, lui donnant cette couleur argent. Voilà pourquoi il s'appelle aujourd'hui "pavillon d'argent" alors que le shōgun n'a jamais fait appel à ce métal. Ce jardin magnifique est la cristallisation de l'esprit du bouddhisme zen, philosophie pour vivre heureux en ressentant le caractère éphémère de la nature.

Vers la fin de sa vie, il a dit : "Tout est éphémère, il ne me reste plus ni tristesse, ni plaisir.". "Ginkaku-ji" est le surnom donné au temple après la mort de Yoshimasa, en contraste avec le Kinkaku-ji. Ce temple s'appelle en réalité "Jishō-ji", nom de moine bouddhiste de Yoshimasa.

Kamogawa


Entourée de montagnes, sauf au sud, la ville de Kyōto s'est développée avec les rivières qui ont permis de l'enrichir et demeurent toujours telle des oasis. Préférez-vous faire une promenade en écoutant le son reposant de l'eau ou bien rester tranquillement assis en oubliant le temps ? Suivez donc la rivière à la recherche de la fraîcheur en été !

La rivière Kamogawa, située à l'est de la ville, s'écoule du nord au sud. En été, on peut trouver environs 70 restaurants possédant leur "Yuka (une terrasse spéciale au bord de la rivière)" entre les rues de Nijō et Gojō offrant un paysage très caractéristique de Kyōto. Vous verrez comme il est agréable de marcher en sentant la brise. Vous pourrez voir des oiseaux comme des aigrettes (shirasagi), des hérons cendrés (aosagi), des milans noirs (tonbi), mais aussi et surtout des canards. En effet, kamo veut dire canard et gawa (kawa), rivière.

Hanamachi ou Kagai


Les cinq quartiers traditionnels de Kyōto sont en général appelés hanamachi ou kagai, littéralement "quartier des fleurs" : Gion-Kobu, Gion-Higashi, Miyagawa-chō, Ponto-chō et enfin Kamishichiken. Le quartier Miyagawa-chō, se situe près de la station Gojō-Keihan. On peut souvent y croiser des maiko ou geiko en kimono. La maiko est une apprentie et est plus jeune (elle a entre 16 et 20 ans) que la geiko. Elles se maquillent traditionnellement le visage en blanc, parce qu'à l'époque où il n'y avait pas encore l'électricité, leur visage se voyait ainsi mieux dans l'obscurité.

Pour entrer dans ce milieu très fermé, les jeunes filles doivent appartenir à une maison (okiya). Elles y apprennent de leur mère (okāsan) le savoir-faire et les manières pour s'adresser aux clients. Il ne faut pas assimiler ces femmes aux prostituées car elles sont les vraies héritières des arts traditionnels japonais tels que la danse (kyōmai), le shamisen, l'arrangement floral (ikebana) ou la cérémonie du thé (sadō). Il n'est pas rare que certaines abandonnent leur apprentissage très strict avant même de devenir maiko : elles doivent s'exercer pendant au moins un an avant de débuter. Elles vont dans une école spéciale et travaillent chez elles gratuitement en rêvant un jour de danser au théâtre.

L'okāsan joue un rôle important, presque comme une vraie mère. Pour ces jeunes filles ayant quitté leur région natale, c'est la seule personne sur laquelle elles peuvent compter. Parfois sévère, parfois gentille, elle leur enseigne la courtoisie. Lorsqu'une de ses filles commence enfin officiellement, elle lui remet un éventail en guise de diplôme.

Le soir venu, les maiko vont travailler aux restaurants ochaya, où elles s'efforcent de rendre le dîner plus agréable avec des jeux traditionnels et des danses. Elles travaillent jusqu'à minuit et rentrent chez elles à minuit passé. Une maiko devient geiko après cinq ans de travail intensif. Elle doit s'améliorer en permanence. Même après être devenue geiko, elle ne peut pas arrêter de perfectionner sa connaissance des arts traditionnels. D'ailleurs, quand elle veut se marier, elle doit arrêter le travail. Par contre, si elle ne se marie pas, elle peut continuer sa carrière aussi longtemps qu'elle le souhaite (l'une d'elle est restée en activité jusqu'à sa mort, à plus de 90ans).

Si vous souhaitez assister à un de ces dîners, il vaut mieux passer par un guide-interprète car ici, on respecte la tradition ichigen-san-okotowari : que ce soit un touriste japonais ou étranger, on refuse la visite soudaine d'inconnus pour pouvoir mieux accueillir les habitués.

Il existe des différences entre maiko et geiko. Au niveau des tenues, la maiko porte un col rouge, qui est remplacé par un col blanc au moment du passage au statut de geiko. La maiko coiffe ses propres cheveux, tandis que la geiko porte une perruque. Les socques des maiko (okobo), sont très épais, munis d'un grelot à l'avant et font le bruit "kobo kobo" à chaque pas. Ces socques remontent à l'époque où les maiko, fillettes de dix ans, travaillaient souvent jusqu'à minuit passé. Il était dangereux pour elles de marcher seules la nuit alors on mettait une clochette dans leurs socques pour que l'on puisse les retrouver si elles perdaient leur chemin. Comme il y a beaucoup de maiko et de maisons, le blason de la famille est cousu au bout de leur ceinture (obi). Le obi des maiko est une ceinture très longue tombant à l'arrière (darari-no-obi).

En résumé, la maiko est une jeune fille fraîche et la geiko une femme adulte élégante. Selon l'écrivain du 19ème siècle, Takizawa Bakin, Kyōto possède les trois plus belles choses : les temples, l'eau de la rivière Kamogawa et les femmes.

Les cinq quartiers traditionnels de Kyōto sont agréables pour se promener toute l'année. Au printemps et en automne, il y a des représentations de danses traditionnelles effectuées par des maiko et des geiko. Vous pourrez voir leur spectacle à un prix raisonnable.
  • Au printemps
Miyako-odori au Théâtre Gion-kaburenjō
Kyō odori au Théâtre Miyagawachō
Kamogawa odori au Théâtre Pontochō
  • En automne
Gion odori au Théâtre Gion-kaikan

Peut-on prendre une maiko ou une geiko en photo si on en croise une dans la rue ? Il est plus correct de leur demander la permission avant : "sumimasen, shashin wo tot-temo ii desu ka?". Il ne faut pas oublier qu'elles habitent dans ces quartiers. Elles savent bien que les touristes veulent les prendre en photo. Cependant, elles restent des êtres humains. Elles sont parfois choquées de l'impertinence des touristes qui les attendent juste devant leur maison ou à la sortie du restaurant, afin de les prendre en photo. Pour respecter leur vie, on vous conseille de profiter de représentations, ou bien, de réserver une soirée d'"ochaya". Alors, vous pourrez passer un moment inoubliable en leur présence.

Rivière Shirakawa et pont Tatsumi-bashi


Au nord de Gion, le quartier traditionnel de Kyōto le plus réputé et où la culture traditionnelle a commencé à s'épanouir, se trouve une petite rivière pleine de charmes, la Shirakawa, traversée par le pont Tatsumi-bashi. Les rues pavées offrent une ambiance particulière et sont éclairées le soir venu par les lumières gracieuses des restaurants. Vous y verrez beaucoup de maisons en bois. Datant du 17ème siècle, cet endroit n'aurait pas été sauvegardé sans la persévérance de ses habitants qui perpétuent leurs traditions. Ce quartier compte deux rues principales, Gion-Shinbashi et Shirakawa-Minami, à l'intersection desquelles se trouve le petit sanctuaire Tatsumi-Daimyōjin, dédié à la déesse Benzaiten, protectrice des arts et de l'eau. Dès le matin, des maiko et geiko viennent souvent y prier pour progresser en danse et en musique. Vous pouvez remonter la rivière jusqu'au sanctuaire Heian-jingū. La rivière Shirakawa (littéralement rivière blanche) est vraiment magnifique avec ses cerisiers et ses saules. Le poète du 20ème siècle, Yoshii Isamu, adorait ce quartier et lui a dédié ce poème, gravé sur une pierre au milieu de la rue Shirakawa-Minami:
Kanikaku niGion wa koishineru toki momakura no shita nomizu no nagaruru
Traduction : Gion est tellement adorable que j'entends le son de sa rivière à mon chevet.

Villa Shisendō


Située au pied du mont Shugakuin, c'est une maison japonaise entourée d'une forêt de bambous et d'un magnifique jardin d'azalées. Dans cette ambiance tranquille et au doux murmure du ruisseau, venez profiter de ce paysage inoubliable. Cette villa a été construite en 1640 par le samouraï Ishikawa Jōzan. Après sa retraite, cet homme s'impliquait ici dans ses études de poésie, de calligraphie et de paysagisme. C'est lui qui a inventé le shishiodoshi, une bascule de bambou qui frappe une pierre sous le poids de l'eau.

Si vous avez du temps, poussez jusqu'au monastère bouddhiste Nobotoke-an, à une minute à pied de la villa Shisendo.

Sanctuaire Fushimi-inari


Au sud-est de la ville de Kyōto, se trouve le sanctuaire Fushimi-inari avec ses milliers de portiques rouges (torī). Il date de 711. Ce sanctuaire a attiré un grand nombre d'agriculteurs qui souhaitaient une bonne récolte, le dieu du riz y étant représenté. Le riz était d'autant plus important qu'il était, à cette époque, utilisé comme monnaie. Aujourd'hui, ce sanctuaire est visité, non seulement par les agriculteurs, mais aussi par les hommes d'affaires, les dirigeants d'entreprises ou tout simplement par n'importe quel citoyen venant ici prier pour la santé de sa famille, sa prospérité ou son succès dans les affaires.

Au Japon il y a des milliers de sanctuaires qui portent le nom "Inari". Ce terme signifie "récolte du riz". Si vous apercevez un monument qui s'appelle ~inari, cela signifie que c'est un sanctuaire qui fut construit pour souhaiter une bonne récolte et honorer le dieu de la terre. Le sanctuaire Fushimi-inari est le siège de tous ces sanctuaires qui sont au nombre de 30 000 dans tout le Japon.

Dans l'enceinte on aperçoit souvent des statues en pierre représentant un renard (kitsune). Au Japon le renard symbolise la moisson : il descend de la montagne pour chercher de la nourriture au printemps et rentre après l'automne. Cette période correspond à celle de la culture du riz : le repiquage a lieu à partir de mai et la récolte entre septembre et novembre.

Observez les objets dans la gueule de ces statues. Certaines ont des épis de riz, d'autres une clef (kagi) et d'autres encore une balle (tama). La clef est celle du dépôt dans lequel on conservait autrefois le riz. La balle représente l'âme ou la parole du dieu.

Saviez-vous que les Japonais criaient, "Tama-ya! Kagi-ya!", en regardant les feux d'artifice ? Voici l'histoire : un jour, deux artificiers vinrent au sanctuaire afin de prier pour ne pas avoir d'accident avec les explosifs qu'ils manipulaient. N'ayant pas encore donné de nom à leurs deux magasins, ils décidèrent, en l'honneur des statues du sanctuaire, de les appeler respectivement "Tama-ya" et "Kagi-ya", la syllabe "ya" signifiant magasin. Puis ces magasins ont prospéré et leurs noms sont devenus une sorte d'acclamation pour les feux d'artifice.

Au fond du sanctuaire se trouve un chemin parcouru de mille torī, construits par des donateurs. Il est très agréable de s'y promener. Comptez deux heures si vous voulez aller jusqu'en haut.

Le torī représente une barrière contre le malheur. De ce fait, aucun esprit mauvais ne peut s'approcher de ce sanctuaire. D'un côté du torī, il est marqué "hō-nō", c'est-à-dire "donation" et de l'autre, il est inscrit la date de construction et le nom du donateur.

Pour vous y rendre, prenez la ligne JR à la gare de Kyōto sur le quai 8, 9 ou 10 en direction d'Uji et Nara et descendez à Inari (5 minutes. Attention à ne pas monter dans le train rapide kaisoku car il ne s'arrête pas à Inari). Vous pouvez également prendre le bus "minami 5" à la gare et descendre à Inaritaishamae, ou la ligne Keihan à Gion ou Shichijō et descendre à Fushimi Inari. Vous trouverez le sanctuaire en face des arrêts.

Tōfuku-ji


Le temple Tōfuku-ji est sans doute l'une des plus belles découvertes que vous ferez à Kyōto. Il est au 4ème rang des temples zen de Kyōto (voir aussi Tenryū-ji).

Au Japon, vous trouverez beaucoup de petits temples annexes aux alentours d'un grand temple zen. Ils s'appellent "tacchū" et c'est une particularité de l'école zen. En effet, après le décès du chef du temple, ses disciples construisaient plusieurs petits temples à proximité pour propager ses préceptes. Chacun de ces tacchū possède une chapelle pour prier, un beau jardin ou des trésors secrets. Dans le quartier du Tōfuku-ji, il y avait autrefois plus d'une centaine de ces temples.

Le Tōfuku-ji fut fondé en 1236. Il est très connu pour sa magnifique architecture et ses milliers d'érables japonais (momiji). L'enceinte étant séparée en deux parties par une vallée, on peut la traverser par le pont Tsūtenkyō, littéralement "pont qui traverse le ciel". Cette vallée arborée qui s'ouvre à vous est unique en son genre. En effet, plus de 2000 érables ont été plantés dans ce temple. Leur flamboiement est remarquable à l'automne. Autrefois, il y avait aussi des cerisiers et leur floraison attirait beaucoup de gens au printemps. Il n'y en a cependant plus aucun aujourd'hui. En effet, de la fin du 14ème au début du 15ème siècle, un moine doué pour la peinture habitait dans ce temple. Il s'appelait Minchō. Alors qu'il bénéficiait de la confiance des gens et était recommandé pour le poste de supérieur, il refusa cette promotion pour s'adonner à la peinture. Il ne poursuivait ni le succès ni la promotion sociale. Il aimait peindre des tableaux de Bouddha ou des portraits.

Ses œuvres étaient appréciées par le shōgun d'alors, Ashikaga Yoshimochi, fils de Ashikaga Yoshimitsu, qui fit construire le Pavillon d'or. Yoshimochi était très content de ses tableaux et décida de lui offrir quelque chose en récompense. Il demanda à Minchō ce qu'il voulait. Le moine répondit alors qu'il voulait que le shōgun fasse couper tous les cerisiers du temple. En effet, Minchō n'aimait pas que les gens viennent manger ou boire dans le temple en faisant du vacarme à l'occasion de la floraison des cerisiers (hanami). C'était contraire à l'esprit du zen. Ce moine adorait, par dessus tout les érables qui ont été apportés de Chine par Enni Ben-en, moine fondateur de Tōfuku-ji. Minchō a donc voulu protéger la tranquillité du temple en faisant supprimer les cerisiers et en les remplaçant par des érables.

Tōfuku-ji a été ainsi nommé en référence aux noms de deux temples de Nara, Tōdai-ji et Kōfuku-ji. Tōdai-ji est un temple qui abrite la grande statue de Bouddha et Kōfuku-ji, fondé en 710 (l'an 1er de l'époque de Nara), possède une grande pagode de cinq étages. Tōfuku-ji fut construit dans l'idée qu'il devienne le plus grand et le plus prospère des temples de Kyōto.

Accès à Tōfukuji : prenez la ligne JR à la station de Kyōto sur les quais 8 à 10 et descendez à la station Tōfukuji.

Ryōan-ji


Ce temple du 15ème siècle, dont le nom signifie littéralement "temple du repos du dragon", est considéré comme un chef-d'œuvre du jardin zen et fait partie du Patrimoine mondial de l'UNESCO. Il comprend deux jardins bien contrastés : le jardin extérieur entouré d'arbres variés et le jardin intérieur, dans le temple. Ce dernier est surtout renommé pour son paysage de quinze pierres. Il permet aux visiteurs de laisser libre cours à leur imagination et de retrouver ainsi leur paix intérieure. Le philosophe Français, Sartre, la Reine Élisabeth et beaucoup de personnes célèbres ont visité et admiré ce temple et ce jardin.

Il se compose simplement d'un lit de fins graviers de kaolin harmonieusement ratissés sur lequel sont savamment disposées quinze pierres pour que le paysage soit entièrement différent dès que l'on change de place. Il est impossible, quel que soit le point de vue, de voir les quinze pierres à la fois. Une des pierres est toujours cachée et cette disposition est unique en son genre. Le kaolin ratissé symbolise l'océan et les rochers, les îles. Le jardin enseigne qu'il y a plusieurs façons de regarder et que personne ne peut tout voir.

On dit souvent que ces pierres représentent les pas d'une famille de tigres mais ce n'est pas la seule interprétation. C'est à vous d'imaginer et de décider le sens de chaque objet du jardin, alors essayez de trouver votre propre histoire et aiguisez votre esprit. Le jardin ne délivre de message qu'à ceux qui essayent de regarder avec leur cœur et non à ceux qui regardent avec leurs yeux.

N'oubliez pas d'aller voir le bassin de pierre derrière le bâtiment (petit bassin d'ablutions). De forme carrée, il représente le kanji "kuchi" qui signifie "bouche" avec quatre signes donnant à chaque fois un nouveau kanji associé à la bouche. On obtient la phrase "Ware tada taru wo shiru", ce qui signifie "je ne connais que la satisfaction".

En apprenant à se satisfaire de ce que l'on a, on peut devenir spirituellement riche, même en étant financièrement pauvre. Dans le cas contraire, on ne pourra pas devenir spirituellement riche, quelle que soit notre richesse économique. Voici le précepte du zen.

Depuis 2010, le temple Ryōan-ji abrite six tableaux du 17ème siècle peints sur des portes coulissantes vendues il y a 115 ans puis retournées au temple après un long voyage. Le temple a retrouvé ces tableaux aux enchères de la Christie's, entreprise adjudicative américaine, et les a recouvré pour la somme de 73 800 euros. Ils ont été rendus au public en décembre 2010. Il semblerait qu'un artiste du clan Kanō, grande famille de peintres, ait réalisé ces tableaux à l'occasion de la construction du temple Seigen-in en 1606, au sein du temple Ryōan-ji. Les quatre tableaux font partie du "Gunsen-zu", une série de vingt portes coulissantes dessinées sur le modèle des ermites chinois. Les deux autres sont appelés "Kinkishoga-zu". Le temple Ryōan-ji, souffrant de difficultés financières lors du mouvement d'abolition du Bouddhisme à la fin du 19ème siècle, avait vendu ces tableaux en 1895, par l'intermédiaire d'un autre temple, à Itō-Den-emon, surnommé le roi du charbon de Chikugo, l'un des anciens départements du sud. Par la suite, ces tableaux auraient été vendus à plusieurs reprises à l'intérieur du pays. C'est une histoire digne d'un roman qu'ils soient finalement rentrés au temple d'origine.

Daitoku-ji


Ce temple zen est situé au nord de la ville de Kyōto. Dans sa grande enceinte à l'atmosphère tranquille, une vingtaine de bâtiments s'élèvent. Vous pouvez vous y promener librement et comme dans d'autres temples zen, la visite des petits monastères (tacchū) est intéressante car ils possèdent chacun des jardins différents. Le temple Kōto-in est renommé pour son paysage reposant. Vous pourrez y apprécier le changement des saisons.

Dans les temples Ryōgen-in, Daisen-in ou Zuihō-in, vous pourrez admirer des jardins secs (kare-sansui, kare = sec, san = montagne et sui = eau), composés de sable blanc, représentant les courants d'eau et de rochers, représentant la terre. Appelé "jardin zen", ce genre de jardin est effectivement une particularité des temples zen, qui donnent de l'importance à la sobriété. La disposition des pierres suit une idée abstraite amenant les gens à la contemplation ou à la méditation. Il est tout à fait possible de créer librement des interprétations à partir des objets disposés dans les jardins. Le jardin du Ryōgen-in est le plus ancien tacchū du Daitoku-ji. Il est un bon exemple de jardin sec par sa simplicité.

Un autre type de jardin japonais est le paysage emprunté, dit shakkei. Celui-ci consiste à utiliser la topographie naturelle comme arrière-plan du jardin. Pour en voir de bons exemples rendez-vous aux temples Kinkaku-ji (Pavillon d'or), Ginkaku-ji (Pavillon d'argent) ou Tenryū-ji de Kyōto.

Accès au temple Daitoku-ji : prenez le bus 101, 204, 205 ou 206 et descendez à Daitoku-ji mae. Les temples Daisen-in, Kōto-in, Ryōgen-in et Zuihō-in sont ouverts au public toute l'année.

Kiyomizu-dera


Le temple Kiyomizu-dera est aimé des habitants de Kyōto depuis 1200 ans. Au 8ème siècle, le moine Enchin cherchait une cascade d'eau pure dans la montagne. L'ayant trouvée, il y installa une statue de Kannon (Déesse de la miséricorde) ainsi qu'une cabane. C'est l'origine du temple Kiyomizu. Quelques années plus tard, le militaire Sakanoue-no-Tamuramaro vint dans la montagne chasser le daim. Il croyait, en effet, que le sang de daim pouvait faciliter l'accouchement de sa femme. Par hasard, il rencontra Enchin qui lui expliqua la cruauté de ses actes et prêcha la vertu de Kannon. Tamuramaro regretta alors d'avoir tué des animaux. Lui et sa femme devinrent croyants et construisirent un temple pour honorer Kannon.

Par le passé, beaucoup de gens ont sauté de la terrasse pour gagner en courage car il est dit que si on survit à la chute, on pourra réaliser ses souhaits. La hauteur de la terrasse est de 13m. Selon des documents du temple, parmi les 234 personnes qui ont sauté, plus de 85% ont survécu. Si l'on meurt, on sera sauvé par la Déesse. Cette coutume fut interdite à la fin du 19ème siècle.

D'ailleurs, il y a une expression en japonais qui dit : "sauter de la terrasse de Kiyomizu". C'est-à-dire faire quelque chose au péril de sa vie.

Derrière ce fameux bâtiment se trouve un autre sanctuaire appelé "Jishu-jinja", qui signifie "propriétaire de cet endroit" en japonais. Au Japon, il n'est pas rare qu'on aperçoive un sanctuaire shintoïste dans un temple bouddhiste.

Avant de construire un temple, il faut demander la permission au dieu de la terre pour obtenir sa protection. C'est également le cas quand on construit un immeuble ou une maison. On a coutume de faire venir un prêtre shintoïste qui prie pour la sécurité avant de commencer les travaux. On conjure ainsi le mauvais sors (accident ou effondrement du bâtiment à cause d'un séisme).

Dans le sanctuaire Jishu, il y a deux pierres de l'amour. Pour les célibataires, sachez que si vous arrivez à marcher d'une pierre à l'autre, les yeux fermés, vous trouverez l'amour.

Jissō-in


L'un des éléments à admirer à Kyōto est sans doute l'érable, en japonais "momiji". Dans le temple isolé d'Iwakura, nommé Jissō-in, vous serez émerveillé par les beaux jardins, mais aussi par le reflet des érables sur le parquet vernissé, appelé yuka-momiji. Le plancher de la pièce Taki-no-ma, littéralement "salle de la cascade", semble changer en fonction des saisons.

Un portail solennel accueille les visiteurs. Ce temple bouddhiste de l'école Tendai fut fondé en 1229 à Murasakino, quartier nord de Kyōto. Il fut ensuite déplacé au nord-est du palais impérial et les enfants des familles régnantes y ont appris le bouddhisme. Il fut installé en son lieu actuel au cours de la guerre d'Ōnin (1467-1477) pour éviter les dégradations. A partir du 17ème siècle, le lien entre le temple et la cour se renforce. Le temple Jissō-in a donc la chance, en 1720, de pouvoir utiliser certains bâtiments de l'Ōmiya-Gosho, un des palais impériaux de Kyōto. Au Japon où les bâtisses étaient toujours en bois, il était fréquent qu'elles soient démontées, transférées puis reconstruites ailleurs, pour les protéger lors de conflits ou les mettre davantage en valeur. A compter de cette période, les supérieurs successifs du temple étant des descendants de la famille impériale, le temple a prospéré avec leur soutien. À noter que les terminaisons "ji" et "in" signifient toutes deux "temple bouddhiste" mais que la dernière concerne généralement la famille impériale.

Actuellement, il possède plusieurs portes coulissantes, dites fusuma-e, peintes par des artistes de l'école Kanō, clan réputé pour la peinture. Les photos sont interdites à l'intérieur. Les tableaux évoquent l'apparence du temple de l'époque.

Du côté est du temple s'étend un grand jardin de sable blanc. Autrefois, les nobles y jouaient au kemari, sorte de football à la japonaise.

Au 19ème siècle, Iwakura Tomomi, louait un logement dans ce temple. Cet homme politique, descendant d'une famille noble, a joué un rôle important au cours de la Restauration Meiji, en certifiant l'importance de la famille impériale.

Si vous aimez fréquenter les endroits secrets et admirer les feuilles rouges des érables en automne, il faut absolument que vous visitiez ce temple.

Higashi Honganji


Fondé il y a 400 ans, le temple Higashi-honganji est l'un des plus grands temples de Kyōto, ville abritant plus de 1600 monuments bouddhistes. Il se situe à cinq minutes à pied de la gare de Kyōto et l'accès est facile même quand il pleut grâce au passage souterrain.

Higashi-honganji et Nishi-honganji représentent les deux branches du bouddhisme Shin après sa scission en 1602. Ces deux temples se situent de part et d'autre de la gare de Kyōto. Ce sont les maisons mères de l'école Jōdo-shinshū, bouddhisme de la Terre pure, dont le nombre de croyants est estimé à dix millions de personnes dans tout le Japon.

Quelle est la particularité de cette école ? Depuis la fondation de la capitale en 794, c'étaient les anciennes formes de bouddhisme tels que Tendai-shū et Shingon-shū qui dominaient à Kyōto. Cependant, ces deux enseignements tantriques et nébuleux étaient difficiles à pratiquer pour le peuple, qui n'avait que le strict nécessaire pour vivre. Ainsi cet ancien bouddhisme ne s'est-il propagé que dans la Cour impériale et parmi les aristocrates et les religieux. Or, à partir du 12ème siècle, un nouveau style de bouddhisme s'est répandu. Sans châtiment ni pénitence, ces nouveaux courants spirituels tels que Jōdo-shū, Jōdo-shinshū, Rinzai-shū et Sōtō-shū, sont devenus populaires chez les gens du peuple. De plus, comme les temples ont aussi hérité du rôle de mairie d'arrondissement, de nombreux temples ont été construits à partir de cette époque. Ces pratiques contrastent avec l'époque précédente où, à vrai dire, la construction de temples n'était pas autorisée par la Cour, sauf les temples Tōji et Saiji, temples tutélaires de l'ancienne capitale.

Les enseignements de Jōdo-shinshū consistent en Akunin-shoki-setsu, littéralement "charité ordonnée aux criminels", principe avancé par le grand Shinran, fondateur de cette école. Le mot akunin, qui veut dire généralement malfaiteur ou criminel, signifie ici les personnes qui ne peuvent pas pratiquer tous les jours l'enseignement de Bouddha. Mais heureusement, selon cette doctrine, ils n'ont qu'à prier les mains jointes et prononcer Namu-amidabutsu ("Je vénère Amida (Bouddha) et suis sa doctrine") puisqu'ils ont leurs propres tâches quotidiennes à accomplir. S'ils suivent cette directive, alors, ils seront sauvés par Bouddha, qui les amènera après leur mort vers le monde de Jōdo, la Terre pure. Cet enseignement très simple est apprécié de tous. Une grande chapelle se trouve souvent au milieu des enceintes de cette école de sorte que les gens puissent prier tous ensembles, sans discrimination. La décoration intérieure en or évoque des scènes de la Terre pure.

À l'origine, Toyotomi Hideyoshi (1536-1598), shōgun du 16ème siècle, a fait don de terrains à cette école pour construire le Nishi-honganji. Les bâtiments étant orientés vers l'Est, il devait probablement y avoir une vue magnifique sur les montagnes de l'Est, nommées Higashiyama sanjū-roppō (chaîne de trente-six montagnes à l'Est).
Or, après sa mort, le shōgun suivant Tokugawa Ieyasu (1542-1616) a fait don des terrains situés entre ce temple et les montagnes à l'autre branche de l'école Jōdo-shinshū. Il voulait sans doute montrer sa suprématie et avoir une meilleure vue sur les montagnes que le shōgun précédent. C'est pour cela que ces deux temples sont orientés vers l'Est, alors que la plupart des temples japonais ont leur entrée principale tournée vers le Sud.

Autre anecdote : une fontaine en forme de lotus existe sur la place devant le temple Higashi-honganji. Aujourd'hui, cette place est entourée de deux routes : l'une droite et l'autre courbe. Jusqu'au 30 septembre 1978, le tramway municipal était en service et les rails étaient posés sur cette route incurvée. Lors des travaux ferroviaires en 1912, les personnes du temple se sont opposées au passage des rails juste devant la porte parce que ce serait non seulement impoli mais aussi dangereux pour les millions de personnes attirées par la grande cérémonie qui y a lieu tous les cinquante ans. Les autorités ont donc décidé de déplacer les rails qui ont été enlevés. Il reste cette route courbe qui nous laisse entrevoir les difficultés d'aménagement de l'époque.

Accès vers le temple Higashi-honganji : marchez 5 minutes vers le Nord depuis la gare de Kyōto, en passant devant la tour de Kyōto et Yodobashi-camera, grand magasin d'électronique. Le passage souterrain entre la gare et le coin Sud-Est du temple est recommandé en cas de pluie.
Ouvert tous les jours jusqu'à 17h. Entrée gratuite.

Nanzen-ji


Situé au pied du mont Higashiyama, littéralement "montagne de l'est", son enceinte dissimule plusieurs bâtiments et un immense jardin.

D'après les mémoires de ce temple, son origine remonte au 13ème siècle quand l'Empereur Kameyama possédait une villa à cet endroit. Il est un descendant de l'une des deux branches de la famille impériale : la lignée Daikakuji-tō.

L'empereur Kameyama était tourmenté par des esprits mauvais qui lui apparaissaient toutes les nuits. Il fit appel à plusieurs moines pour les bannir. Les uns récitèrent le canon bouddhique, d'autres présidèrent une cérémonie, d'autres encore firent des prières… Ils firent tout leur possible, mais leurs tentatives restaient vaines.

Un jour, un bonze qui venait du temple Tōfuku-ji réussit enfin à chasser les esprits mauvais. Il s'appelait Daimin-kokushi, supérieur du temple Tōfuku-ji et il avait déjà 70 ans à cette époque. Il ne fit rien de particulier pour chasser les esprits mauvais, seulement de la méditation assise, dite "zazen". La méditation est l'essence de la doctrine du zen. C'est un moyen indispensable pour comprendre par soi-même le fond de sa pensée. Cependant, ce point a été oublié par les bonzes qui préféraient des rites plus formels contrairement au moine Daimin-kokushi. C'est pour cette raison que les autres moines, trop attachés aux formalités, n'ont pas réussit à chasser les esprits mauvais. Dès lors, l'Empereur invita le moine Daimin-kokushi à créer le temple Nanzen-ji à la place de sa villa.

Depuis lors, les bonzes de ce temple pratiquent une méditation austère, transmise de génération en génération. Dans l'immense enceinte, vous pourrez ressentir cette ambiance monacale. De plus, entouré de cerisiers et d'érables, il est très agréable de s'y balader, tout en cherchant, si on le désire, un bon angle pour prendre des photos.

Ce qui est particulier dans ce temple, c'est le grand aqueduc Suirōkaku. Ce pont en briques rouges fut construit en 1890, et se situe au fond du temple. N'est-ce pas décevant qu'il y ait un tel édifice dans le temple ? Pas du tout ! En effet, ce canal en forme d'arc fut construit sur le modèle de l'Aqueduc de l'ancienne Rome à la fin du 19ème siècle.

En réalisant ce canal depuis le lac Biwa, le plus grand lac du Japon, la traversée de ce quartier traditionnel (Higashiyama) était inévitable. Les Kyotoïtes craignaient les répercussions sur le paysage. Malgré cela, le Nanzenji n'a pas hésité à l'installer dans son enceinte. Les moines l'ont toléré, en espérant qu'il serait utile aux citoyens. Aujourd'hui, son aqueduc est en parfaite harmonie avec le temple tout en y donnant un paysage singulier et unique en son genre.

Accès au temple Nanzenji depuis la gare de Kyōto : prenez le métro à la gare, changez de train à Karasuma-Oike en direction de Rokujizō, puis descendez à Keage. 10 min. à pied.

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