Le mot qui exprime le mieux le caractère des Japonais est sans doute "wa", qui signifie "japonais", "à la japonaise" mais aussi "harmonie". Cette syllabe est souvent utilisée, comme dans washoku (cuisine japonaise), wafuku (habit japonais), wagashi (gâteaux japonais), washi (papier japonais), wafu (style japonais) et wabun (texte japonais). Il est aussi employé pour waon (accord), heiwa (paix) et chōwa (harmonie).
Dans la société japonaise, l'union des cœurs est la chose la plus précieuse. La liberté individuelle doit donc être réalisée au-delà de l'ordre social. Certains disent que la mentalité japonaise provient de la société féodale ou de la société agricole d'autrefois, alors qu'il paraît normal que tout le monde respecte les règles sociales pour vivre en harmonie. Les Japonais ont une conscience collective, ce qui a des avantages, mais aussi parfois des inconvénients.
À la différence de la France, le Japon n'est pas cosmopolite. De ce fait, la société française semble peut-être plus ouverte que la société japonaise, qui n'approuve pas facilement les choses ou les opinions divergentes. Au Japon, surtout à Tōkyō où les gens sont pressés, les Japonais sont insensibles aux difficultés des autres, indifférents, par exemple, si quelqu'un est coincé dans la portière d'un train ou d'un ascenseur. Alors que les infrastructures s'améliorent rapidement, les Japonais sont encore lents à se décider à porter secours aux handicapés, pensant que d'autres le feront. Par contre, les Japonais, bien que la plupart ne soient pas anglophones, aiment bien indiquer leur chemin aux touristes étrangers. Ils les accompagnent même parfois jusqu'à leur destination finale, même si ce n'est pas la leur. Ceci est dû à l'exaltation de parler avec les étrangers, expérience encore récente pour les insulaires malgré la mondialisation actuelle, ainsi que de leur reconnaissance pour être venus visiter le Japon. Ainsi, vous pourrez compter sur les passants si vous vous perdez.
La propreté
Autre chose que les voyageurs remarquent souvent au Japon, c'est la propreté des rues, stations et lieux publics, alors que les poubelles sont relativement peu présentes. La rareté des poubelles est due d'abord à la présence des corbeaux. Les dépôts d'ordures des quartiers sont protégés par des filets ou clôtures, afin d'éviter également les chats errants. Exception faite des malappris, les Japonais ne jettent pas leurs ordures sur le bord de la route. Ils les gardent dans leur poche ou leur sac jusqu'à ce qu'ils trouvent une poubelle de konbini, sortes de superettes ouvertes 24h/24 et très nombreuses dans ce pays. Par contre, dans les gares, c'est suite aux attentats du 11 septembre 2001 que le nombre de poubelles a été réduit, par crainte des actions terroristes. Il ne faut cependant pas penser que les rues japonaises sont toujours propres. Les rues sont nettoyées chaque matin par les bennes à ordures avant le lever du soleil. Tōkyō, pôle économique, est importante pour le pays, mais les gens y sont très stressés. Les employés travaillent souvent beaucoup plus de 40 heures par semaine pour ceux à temps plein, et le soir, ils cherchent des divertissements pour se changer les idées.
Habitudes alimentaires
Yakitori, ramen, tonkatsu... les restaurants japonais sont aujourd'hui nombreux à Paris. Il est amusant de voir que la nourriture japonaise est de plus en plus en vogue en France.
Les parents disent souvent aux enfants qui ne mangent pas leur assiette que le Mottainai-obake apparait chez les enfants qui ne respectent pas la nourriture, ses affaires, l'eau et l'électricité. Par peur, ils finissent leur plat et évitent de gaspiller. Le mot mottainai signifie être peiné de jeter quelque chose, et l'obake, est un fantôme qui surgit devant les méchants enfants. Les enfants japonais sont ainsi éduqués à manger leur bol de riz jusqu'au dernier grain. Ce mot japonais mottainai fut souvent utilisé par Wangari Maathai (1940-2011), biologiste kenyane et première femme africaine à recevoir le prix Nobel de la paix pour sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix. Elle fut fascinée, lors de sa visite au Japon en 2005, pour assister à un événement concernant le Protocole de Kyōto, par ce mot japonais qui n'a selon elle pas d'équivalent dans d'autres langues.
Les Japonais sont, à l'origine, un peuple agricole et ont vécu au rythme de la nature. Le washoku, cuisine japonaise, est une alimentation véritablement naturelle, pauvre en graisses et respectant la saveur propre des ingrédients. Cependant, le changement d'habitudes alimentaires a provoqué une dégradation de la santé, une perturbation de la vie quotidienne ainsi qu'une incohérence dans la mentalité japonaise. C'est après la défaite de la seconde guerre mondiale et l'occupation par les militaires américains que les habitudes alimentaires ont changé au Japon. Les gens étant affamés, les Etats-Unis ont apporté de grandes quantités de lait écrémé et de farine. Pendant la guerre, du fait de la pauvreté, les Japonais mangeaient du riz avec des radis ou des patates, de la bouillie de patates et parfois les herbes ramassées au bord des chemins. Pour répondre aux besoins en protéines selon la diététique du pays victorieux, la consommation de viande, œuf, lait et pain fut recommandée, alors que les plats traditionnels japonais étaient de moins en moins consommés. Or, plus tard il s'est avéré que l'excès de protéines et de graisses n'était pas bon, surtout pour les Japonais dont l'intestin serait deux à trois mètres plus long que celui des Occidentaux. Les protéines animales laisseraient alors des toxines dans l'appareil digestif, produisant diverses inflammations. De fait, 68 ans après la guerre, beaucoup de Japonais souffrent de cancers, maladies cardiaques, infarctus cérébraux, diabète, hypertension, dermatites atopiques et pollinoses.
La nourriture est un sujet à ne pas négliger lorsqu'on s'interroge sur ce que sont les Japonais. Au Japon, le service de restauration est très animé et manger à l'extérieur coûte souvent moins cher que de manger chez soi. Le prix peu élevé attire souvent les touristes étrangers qui ont plaisir à manger au restaurant. Pourtant, l'autosuffisance alimentaire est inférieure à 40% au Japon. Alors, comment les restaurants réussissent-ils à proposer leurs plats à de tels tarifs ? Pour ce qui est de la viande, la plupart des animaux (poulet, porc, bœuf) sont nourris aux hormones de croissance et aux antibiotiques pour les forcer à grandir plus vite. De plus, les poules sont élevées en batterie, alors qu'autrefois elles étaient laissées en liberté et mangeaient des vers de terre. Excepté le bétail de certaines marques bio, l'élevage est loin d'être exemplaire au Japon. Les légumes utilisés dans les bento vendus dans les konbini, les supermarchés ou les rues le midi, ainsi que dans les restaurants extrêmement bon marché (surtout ceux des grandes chaînes) sont importés de Chine et désinfectés avec des produits chimiques. Les vendeurs ne sont pas obligés d'indiquer le pays d'origine des légumes et peuvent les mélanger avec d'autres ingrédients, surtout s'ils sont considérés comme ingrédients secondaires et que l'espace d'indication n'est pas suffisant. Il est donc difficile de connaître la composition exacte des produits d'un simple coup d'œil à l'étiquette. Dans les supermarchés, même les légumes indiqués " sans produits chimiques " ne sont pas certifiés sans insecticides, car les néonicotinoïdes, interdits en France, sont couramment utilisés sur ce type de produits agricoles. Il faut dire que la plupart des fermes japonaises dépendent de J.A., coopérative agricole japonaise. Elle oblige les agriculteurs, à utiliser des insecticides agricoles et des engrais afin d'assurer une production massive des cultivars que fournit cette société. Ce sont des graines issues de manipulations biotechnologiques et non pas d'espèces indigènes. Ces F1 hybrides sont la première génération d'un croisement entre deux variétés distinctes. Ces plantes hybrides donnent des graines différentes des graines hybrides F1, obligeant les agriculteurs à racheter des semences chaque année à la coopérative. Pour le lait aussi, la situation a beaucoup changé par rapport à autrefois : certains producteurs effectuent la traite même sur des vaches gravides. Elles font normalement moins de lait mais la nourriture et la trayeuse électrique permettent d'en produire suffisamment. Le problème est que ce type de lait contient une quantité d'hormones femelles potentiellement dangereuse pour les enfants. Selon une étude sur leur constitution physique, une avancée d'un an et demi à deux ans a été remarquée pour l'âge de fin de croissance et celui des premières règles. De plus, cette hormone favorisant l'apparition d'allergies, on note une recrudescence de celles-ci chez les petits Japonais. Ce phénomène n'a pas été observé pendant l'après-guerre où les gens buvaient du lait écrémé dont l'hormone incriminée était enlevée en même temps que la crème.
Les Japonais d'après-guerre étaient reconnaissants pour la farine et le lait écrémé apportés par les Etats-Unis, qui surproduisaient. Le pain et le lait écrémé furent ensuite introduits à la demi-pension des écoles. En dehors de la farine et des céréales, le Japon a aussi importé bon nombre de légumes et de fruits américains. Le taux d'autosuffisance alimentaire, qui était à 82% dans les années 1960, a chuté progressivement jusqu'à atteindre 39% en 2011. La production de riz ne cesse de diminuer à cause de la politique de réduction de la superficie agricole. Les Japonais mangent moins de riz et plus de pâtes et de pain. En outre, aujourd'hui, ils ne mangent quasiment plus de riz complet ou genmai. Le grain de riz est couvert d'une balle et de son. Le riz cargo (riz complet sans la balle) est brun mais il devient blanc après en avoir décortiqué le son et le germe. Le riz blanc étant autrefois un produit de luxe, les gens le cuisaient avec le genmai et diverses céréales. Cependant, d'un point de vue diététique, le genmai est mieux que le riz blanc, puisque le son et le germe le rendent quatre fois plus nutritif (protéine, glucide, graisse, vitamine, minéral et fibre alimentaire). Il contient aussi de l'acide phytique, composé qui permet d'éliminer des matières nuisibles comme certaines hormones. Si les Japonais avaient conservé leurs habitudes alimentaires, ils auraient moins souffert des maladies contemporaines.
Le prix peu élevé de certains restaurants japonais est indubitablement un des attraits du voyage au Japon. Gyūdon (bol de riz avec bœuf), yakitori, sushi dans les restaurants avec tapis roulant, produits de konbini, fast-food... Cependant, réfléchissez aux conséquences de cette facilité à trouver des aliments peu onéreux et hors saison. Ce que vous pensez " japonais " ou " à la japonaise " ne correspond peut-être pas à la vrai vie des Japonais. Bien choisir ce que vous mangez lors de votre voyage, sans céder à la facilité ou aux idées véhiculées par les médias, contribuera à soutenir les producteurs et les cuisiniers honnêtes, qui se soucient de la qualité des produits et préservent les traditions.
Prise de conscience après le tremblement de terre
Selon un sondage effectué en 2004 par la NHK (seule chaîne publique de télévision au Japon) de Kōbe, 60% des sinistrés pensent que la société a oublié le tremblement de terre du 17 janvier 1995 et les leçons qui auraient pu en être tirées. A peine trois ans ont passé depuis le grand tremblement de terre du Tōhoku et les sinistrés ont toujours cette même inquiétude. Priant pour le repos des âmes des victimes (15 881 morts et 2 668 disparus), les sinistrés du Tōhoku (315 000 personnes dont 150 000 réfugiés de Fukushima, toujours installées dans des camps provisoires), s'inquiètent que le temps n'efface les souvenirs. Désormais, les Japonais ne doivent pas oublier qu'il existait, au delà de ces chiffres, d'innombrables victimes parties trop tôt. Ils doivent aussi veiller à la politique énergétique du pays pour qu'une erreur d'une telle gravité ne se reproduise jamais.
En effet, alors que les Japonais respectent l'harmonie sociale, ils déplorent parfois eux-mêmes leur indifférence. Mis à part quelques manifestations, le sujet du nucléaire n'était pas du tout abordé avant le séisme. Le peuple japonais était indifférent quant au lieu et à la technique de production de leur électricité. Certains pensaient que le nucléaire ne poserait aucun problème si les déchets radioactifs étaient enfouis en profondeur. Cette tendance était particulièrement visible lors des manifestations sur le site Rokkasho (préfecture d'Aomori), sur lequel devait être installée une usine de retraitement à partir de 2007. Alors que cette usine peut produire sept tonnes de plutonium par an, la population semblait s'en accommoder et ne pas comprendre les risques liés aux centrales nucléaires, oubliant par la même occasion que le Japon était le seul pays au monde déjà frappé par deux bombes atomiques. La cause de l'indifférence des Japonais pour l'énergie provenait de la concentration des industries en milieu rural et de la persistance de la politique d'après guerre pendant près de 60 ans, avec le PLD (Parti Libéral Démocrate, Jiminto) au pouvoir. La population se concentrant dans la capitale, les industries furent délocalisées dans les régions souffrant de l'exode rural avec de grosses subventions à la clé. Ainsi, les citadins ignoraient les lieux de production de l'électricité qu'ils consommaient. D'autant plus que le gouvernement proclamait respecter le Protocole de Kyōto, en décrivant le nucléaire comme une énergie peu polluante. Les Japonais, trop crédules, ont fait confiance aux hommes politiques.
A la suite de nombreuses affaires de corruption, le PLD a subi une grande défaite aux élections de 2009. Ce que le peuple a vu, deux ans après cette alternance, c'est l'incapacité du gouvernement à protéger la population et à prendre ses responsabilités face à la catastrophe nucléaire de Fukushima. Indignés, les Japonais ont enfin compris qu'ils ne devaient pas se montrer indifférents aux affaires de leur pays. Des bénévoles se sont rendus au Tōhoku. Des collectes et événements caritatifs ont spontanément été organisés partout au Japon. Des manifestants, toujours plus nombreux, sont descendus dans les rues sans se soucier d'être vus. C'est un phénomène incroyable et nouveau pour les Japonais. La raison pour laquelle les Japonais ont agi ainsi, c'est qu'ils connaissent, au fond, l'importance de la famille et qu'ils ne pouvaient pas laisser tomber les sinistrés qui ont perdu des personnes qui leur étaient chères. En même temps, les Japonais sont devenus plus sérieux vis-à-vis des problèmes environnementaux, pour laisser la nature sans pollution pour leurs enfants et les générations suivantes.
Vivre en harmonie
En France, les jardins servent à embellir un site et ils sont généralement géométriques. Mais ici, les jardins sont d'abord conçus pour profiter de la nature, et les temples et les maisons sont construits autour.
D'après M. Hiroshi Ueta, un calligraphe de Kyōto, " la principale différence entre les œuvres chinoises et japonaises d'autrefois est que les écrits chinois utilisent le papier dans son intégralité. Les Japonais ont inventé des syllabaires originaux, hiragana et katakana, en s'inspirant des kanji, les caractères chinois. Les hiragana sont des caractères féminins, avec leurs formes rondes comme le corps des femmes, tandis que les katakana, sont plutôt masculins, avec leurs formes anguleuses. Après le Xème siècle où ces caractères furent créés, les poèmes japonais employant ces kana se sont beaucoup développés. Les Japonais donnent un sens profond à chacun des caractères, en plus de leurs rôles idéographiques : les mots ne sont pas que des moyens pour transmettre une idée. Ainsi, les caractères sont souvent espacés dans les écrits japonais des temps anciens, donnant une intensité à ces vides. " Le calligraphe prend parfois plusieurs heures pour décider de l'endroit où il va apposer son sceau sur l'œuvre. " C'est pareil pour les jardins et les photos. Il faut créer une atmosphère qui dépasse le cadre. Cela donne des possibilités infinies, qui changent selon l'observateur. Pour y arriver, il faut apprendre à respecter les objets qui sont invisibles et qui n'ont pas de substance. C'est l'essence même de la mentalité japonaise. Ce qui n'a pas de forme est souvent difficile à appréhender. Pour cette raison, depuis longtemps, les Japonais ont appris à observer tranquillement l'évolution des choses. L'expression " le silence est d'or " n'est pas tellement apprécié dans la société économique d'aujourd'hui, mais c'est un proverbe qui caractérise bien les Japonais.
Autrefois, les Chinois appelaient les Japonais " Wajin ", gens de l'harmonie. Les Japonais contemporains sont-ils encore dignes des cette appellation ? Venez le vérifier par vous-même au Japon!
Le vieillissement de la population
Le Japon est le pays où l'espérance de vie est la meilleure, avec 82 ans pour les hommes et 89 ans pour les femmes. Le vieillissement de la population a commencé au Japon dans les années 1970, où les plus de 65 ans ont atteint 7%. Ce taux a atteint 14,5% en 1995 et cette tendance ne cesse de s'accroître, avec la baisse du taux de natalité. Le nombre de personnes de plus de 65 ans était de 26,4 millions en septembre 2006, soit 20,7% de la population (127,72 millions). Il a atteint 26% en 2014, et 28,38% en 2018.
Les gens mourraient en moyenne vers 50 ans à l'époque de Oda Nobunaga (1534-1582), fameux général de samurai de l'époque Azuchi-Momoyama (1568-1600), au cours de laquelle eurent lieu de nombreuses guerres intestines. La longévité moyenne s'est considérablement accrue pour atteindre aujourd'hui un peu moins du double, soit 85,5 ans. Les gens peuvent mener plusieurs vies au cours de leur existence : il est possible de mener deux carrières complètement différentes. Certains peuvent se reconvertir à l'agriculture à leur départ en retraite. Cependant, pourquoi beaucoup de personnes âgées travaillent au Japon ?
La génération née au cours du baby-boom entre l'après-guerre et les années 1950 est appelée Dankai, mot qui signifie " nœud ". Elle a connu une époque pauvre et a beaucoup travaillé pour permettre la croissance économique. Les Jeux Olympiques ont eu lieu à Tōkyō en 1964 et le shinkansen, TGV japonais, fut inauguré la même année. Le Japon est devenu le deuxième plus grand pays économique. Tout était prospère… jusqu'à l'éclatement de la bulle économique.
Cette grande banqueroute nationale a marqué le pays de son empreinte indélébile. Hormis un petit nombre de rescapés économiques, les entreprises se sont effondrées. Le Japon est devenu le pays le plus endetté du monde, avec 372 mille milliards de yens de dette en 2000 et 663 774,3 milliards de yens en 2005. La raison pour laquelle le Japon n'est pas ruiné, est que la plupart des emprunts d'Etat sont détenus par le peuple japonais. Par conséquent, les Japonais sont inquiets pour leur futur et le pays souffre de difficultés de trésorerie.
Dans les entreprises privées japonaises, le système d'âge de retraite est largement adopté afin d'éviter de rémunérer chèrement les employés en fin de carrière. Ce système allait de pair avec le mythe de l'emploi à vie. En avril 1998, la retraite à 60 ans est devenue obligatoire. Cependant, elle a été remise en question lors de la modification du système de financement des retraites et du relèvement graduel de la durée de cotisation à 61 ans en 2001, puis, 65 ans en 2013. A cause de ce changement, les gens qui n'ont pas d'épargne doivent travailler au-delà de 60 ans. Comme ils doivent quitter leur entreprise à 60 ans, ils n'ont que deux choix : demander à être réembauchés dans leur entreprise, même si le salaire est plus faible qu'au moment de leur départ en retraite ou chercher un autre emploi, comme chauffeur de taxi, garde, agent de circulation sur les zones de travaux…
D'autre part, pour que les personnes âgées puissent vivre sans souci, il faut résoudre divers problèmes de société. Les infrastructures, à savoir les logements, les moyens de transport, en passant par les traitements médicaux et l'éducation, ou le système de l'emploi, furent aménagés alors que le pays comptait beaucoup de jeunes, les personnes âgées ne représentant alors que 5% de la population. Cette situation ne correspond plus à la situation actuelle, où les plus de 75 ans représentent 20% de la population japonaise.
Par exemple, la plupart des signaux piétonniers fonctionnent en supposant que les piétons marchent à 3,6km/h. Cependant, la majorité des personnes de plus de 75 ans n'avancent pas si vite. Les personnes âgées risquent donc de se retrouver coincées au milieu du passage clouté. Ce problème typique démontre une absence de vision globale des problèmes de société. Autre exemple : le système pédagogique est ouvert en grande partie aux jeunes. Or, la longévité atteignant 85 ans, les retraités souhaitent reprendre des études à l'université ou par correspondance pour préparer une seconde carrière. Le système actuel provoquera certainement des dysfonctionnements dans l'avenir. La reconversion des infrastructures matérielles et immatérielles sont donc capitales.
Il faut aussi créer des industries adaptées à une société âgée. Le vieillissement de la population est un phénomène mondial, qui peut permettre aux marchés concernés de se développer. Si le Japon, pays comptant le plus de personnes âgées, parvient à résoudre ces divers problèmes, les autres nations, en particulier celles d'Asie dont la population est immense, deviendront de grands marchés lorsqu'elles se trouveront dans l'obligation de réviser leurs infrastructures. Ainsi, les engagements face aux contraintes sociales du vieillissement vont de pair avec l'ouverture et l'agrandissement des débouchés.
Les bains japonais
Les onsen, rotenburo et sento sont des bains publics. Le onsen est un bain thermal fermé alors que le rotenburo est un bain thermal de plein air. Le sento est un bain public fermé non thermal. Les bains des hommes et des femmes sont généralement séparés. Les bains mixtes (konyoku) sont très rares. Les rotenburo sont populaires et attirent toute l'année des amateurs et des gens atteints de maladies chroniques. L'eau des onsen est bénéfique pour la santé et soigne certaines maladies.
Les Japonais rentrent nus dans les bains. Vous pouvez apporter une petite serviette mais il ne faut jamais la tremper dans le bassin. Toutes vos affaires doivent êtres rangées dans une consigne fermée dont vous gardez la clé au poignet.
Si vous n'avez pas le temps d'aller au onsen, essayez les sento, qui se trouvent un peu partout en ville. Les logements japonais d'autrefois n'étaient en effet pas équipés de salle de bain. Les sento sont reconnaissables à leur haute cheminée et aux nombreuses personnes qui, le soir, entrent ou sortent. Le sento est un endroit convivial dans lequel les habitants et les familles du quartier peuvent se détendre, pour un budget raisonnable, et discuter avec leurs voisins.
La cigarette
Alors que les bars-tabac sont rares au Japon, il y a beaucoup de petits bureaux de tabac où de vieilles femmes s'asseyent au comptoir. De nos jours, le nombre de fumeurs diminue et la loi anti-tabac devient de plus en plus sévère. Depuis mars 2008, les mineurs ne peuvent plus acheter de tabac aux distributeurs car il faut toucher le panneau avec un taspo (tobacco-passeport). Le tabac et l'alcool sont interdits aux mineurs (moins de 20 ans), mais selon les études du ministère de la Santé de 2004, 42% de lycéens et 27% de lycéennes ont déjà fumé et 13% d'adolescents entre le lycée et le collège fument quotidiennement. Jusqu'en juillet 2009, sur les 409 000 distributeurs de tabac installés au Japon, 98,3% ont été remplacés par ceux équipés d'un scanneur de taspo.
L'une des raisons de la diffusion du tabac au Japon, c'est que le gouvernement est le premier actionnaire de la plus grande entreprise de ce domaine : JT, Japan Tobacco Inc. (Jeti, Nihon Tabako Sangyō Kabushiki Gaisha). Depuis 1985, Le gouvernement japonais détient plus de 50% de ses actions. La production de tabac est une affaire de monopole de la JT, qui s'oppose à la loi anti-tabac. Les taxes sont plus basses que dans d'autres pays développés et les avertissements indiqués sur les paquets de tabac sont moins menaçants : " Fumer peut causer le cancer. Selon les statistiques épidémiologiques, les fumeurs risquent de mourir d'un cancer du poumon de deux à quatre fois plus que les non-fumeurs. ".
Alors qu'en France il est interdit de fumer dans tous les lieux publics depuis le 1er janvier 2008, au Japon, on peut allumer une cigarette dans les restaurants. Pour ceux qui n'aiment pas manger dans une atmosphère enfumée, les places fumeurs et non-fumeurs sont souvent séparées. Ces derniers apprécient l'atmosphère sans fumée quand ils veulent siroter tranquillement leur café. Selon les restaurants, la séparation est faite par un climatiseur qui peut produire un rideau d'air.
Jadis, les pères étaient encore despotiques et allumaient généralement leur cigarette à l'intérieur de la maison. Aujourd'hui, les fumeurs prennent l'habitude de sortir dans la rue pour fumer afin de ne pas intoxiquer les autres membres de la famille. Ils sont appelés hotaru-zoku, littéralement "troupe de lucioles", car la lueur incandescente des cigarettes fait penser à une nuée de lucioles.
A ce propos, on ne parle plus de cigarettes " light " ou " mild " car ces dénominations sont trompeuses : bien que certaines cigarettes soient plus légères, elles peuvent provoquer les mêmes risques cardiovasculaires. De plus, quand la fumée est moins irritante, les fumeurs tirent d'avantage sur la cigarette et risquent donc plus d'abîmer leurs poumons qu'avec des cigarettes normales.
Les zones d'interdiction de fumer sont désignées dans certaines parties des grandes villes. Le problème est de savoir comment éliminer définitivement les mégots de cigarettes sur la voie publique et protéger les enfants qui risquent d'être brûlés au visage ou aux yeux à cause de cigarettes que les adultes balancent à leur hauteur.
L'éducation
La maternelle japonaise se divise en deux formules :
- yōchien, la plus courante, qui commence à 9h30 et se termine à 14h30 ;
- hoikuen, qui se termine plus tard (16h30 ou 18h) et s'adresse aux enfants dont les deux parents travaillent.
Les parents choisissent la formule lors de la composition du dossier de demande de scolarisation, mais c'est ensuite la ville qui statue en fonction du nombre de places, des informations données par les parents, de la disponibilité des grands-parents, … Dans les grandes villes, il n'y a pas assez de maternelles et certains enfants ne peuvent donc être scolarisés qu'à partir du primaire (6 ans), comme l'exige la loi japonaise.
Les enfants doivent avoir trois ans révolus le jour de la cérémonie de rentrée en première année de maternelle (nyūenshiki). Cette cérémonie est un grand jour pour parents et enfants. Certains pères prennent même un jour de congé pour y assister. La rentrée à lieu la première quinzaine d'avril.
L'école coûte très cher au Japon, mais certaines villes font des efforts financiers pour réduire le budget éducation des foyers. Les crèches sont quasi inexistantes et très onéreuses. Rares sont donc les enfants qui vont à la crèche. Ils restent généralement avec leur mère ou leurs grands-parents. La rentrée en maternelle est donc, pour beaucoup de mères, synonyme de reprise d'un travail à temps partiel.
Selon les écoles, les enfants de maternelle portent ou non un uniforme. Mais dans toutes les écoles, les enfants ont une casquette de couleur vive réversible. Un des côté est identique pour toutes les sections (généralement jaune fluo) et l'autre diffère selon les sections (vert, rose, orange, …). Cela permet de différencier les classes mais aussi de faire deux équipes pendant les activités sportives.
Pour la rentrée, les parents sont largement mis à contribution. Il faut préparer entre-autre : un sac pour les livrets et magasines auxquels les enfants vont être abonnés, un sac pour mettre plusieurs changes complets, un sac pour mettre les chaussures d'intérieur, un sac pour mettre les baguettes, un sac pour mettre le gobelet et la brosse à dents, le futon pour ceux en hoikuen, des petits torchons, des petites serviettes à main, … et bien sûr, il faut tout étiqueter et identifier par un petit écusson.
Au Japon, les enfants vont à l'école primaire (shōgakkō) pour six ans, de 7 à 12 ans, au collège (chūgakkō) pour trois ans, de 13 à 15 ans et au lycée (kōkō) pour trois ans, de 16 à 18 ans. Après, la moitié des jeunes commence à travailler, tandis que l'autre moitié entre soit à l'université (daigaku) pour quatre ans, soit en école professionnelle ou en institut universitaire pour deux ans. L'école primaire et le collège sont obligatoires. Le lycée n'est pas obligatoire mais plus de 90% des adolescents y vont.
Auparavant, il y avait une quarantaine d'élèves par classe mais de nos jours, le nombre d'enfants diminue selon les régions ou les quartiers. L'école commence à 8h30 et une leçon dure 45 minutes à l'école primaire et 50 minutes au collège ou au lycée. Les cours finissent à 15-16h mais sont souvent suivis de la participation à un club sportif ou culturel. Le baseball est très populaire au Japon, ainsi que le jūdō, le kendō ou le kyūdō (tir à l'arc). Les élèves rentrent parfois tard et sont obligés de se déplacer à pied, à vélo ou en transports en commun.
Au Japon, la rentrée des classes et l'activité professionnelle commencent en avril et c'est pour cela que la fleur de cerisier est la fleur qui symbolise à la fois la séparation, la cérémonie de remise des diplômes de mars et le nouveau départ d'avril. En revanche, les vacances scolaires d'été, qui durent environ un mois, se situent au milieu de l'année et cela oblige les enfants à faire beaucoup de devoirs. Les élèves de l'école primaire ont une grande quantité de devoirs de vacances à faire durant les vacances d'été, dans toutes les matières. Chez les enfants, il y a aussi des vacances d'hiver de deux semaines autour du nouvel an et des vacances de printemps fin mars.
L'éducation est au Japon d'une importance extrême. Malgré l'effondrement du mythe de l'emploi permanent et de la promotion à l'ancienneté, le système éducatif a une forte influence dans la société japonaise. Dans certaines grandes entreprises ou dans l'administration, le nom de votre ancienne université décide parfois grandement de votre avenir. Cette tendance s'est légèrement atténuée aujourd'hui, mais les études suivies sont toujours importantes pour vivre en société. La pédagogie japonaise recours à la méritocratie et favorise la concurrence scolaire entre les élèves.
Les parents japonais sont souvent obnubilés par l'éducation. Beaucoup de lycéens et de collégiens vont aux cours privés (juku) ou dans une école préparatoire (yobikō), après les cours. Cela coûte très cher mais beaucoup de foyers font ce sacrifice pour leurs enfants. Ils étudient assidûment et leurs professeurs passent beaucoup de temps à les aider dans leurs révisions afin de leur faire réussir le concours d'entrée des universités. La plupart des universités japonaises accordent beaucoup d'importance aux résultats des tests écrits. De plus, les candidats doivent choisir la discipline qu'ils étudieront avant d'entrer dans ces écoles car chaque département d'école rédige ses propres questions d'examen. Les mères qui s'impliquent dans l'éducation de leurs enfants parlent de "ojuken". En japonais, le préfixe "o" est un préfixe de politesse et "juken" veut dire "examen d'entrée". Quand elles utilisent ce terme, cela veut dire qu'elles veulent faire entrer leurs enfants dans une école privée. Malgré des frais de scolarité environ deux fois plus élevés que dans le public, elles veulent offrir la meilleure chance de réussite à leurs enfants. Pour instruire les surdoués, il existe des cours spéciaux, de même que pour les enfants qui n'ont pas encore l'âge d'aller à l'école.
Comme le baccalauréat en France, les lycéens qui veulent accéder à l'enseignement supérieur doivent passer un examen centralisé (centā shiken), qui a lieu chaque année, sur deux jours, à la mi-janvier. Cet examen représentant la première étape vers l'accès aux universités nationales ou communales, si le résultat du centā shiken n'est pas bon, les élèves ne peuvent pas passer le deuxième examen, organisé par chaque département d'université. Ils doivent donc réussir les deux examens pour être admis aux universités nationales ou publiques. Le résultat de ce premier examen n'est pas communiqué aux candidats. Ils doivent donc déterminer par eux-mêmes, en se référant aux corrigés publiés le lendemain dans les journaux ou sur les pages d'accueil de leur juku ou yobikō, s'ils ont réussi ou non. A contrario, les examens d'admission des universités privées sont très variés et la réussite au centā shiken n'est pas nécessaire pour y accéder car ces universités ont leurs propres concours. Mais si les résultats à l'examen central sont bons, selon les facultés, il est possible de faire valoir ces points. Pour ceux qui ont un talent artistique particulier ou de bonnes performances sportives jusqu'au lycée, il vaut mieux se présenter au concours spécial où il en sera tenu compte. En général, il y a cinq ou six matières aux examens des universités nationales (langue japonaise, mathématiques, anglais, histoire japonaise ou mondiale, chimie ou biologie ou physique, etc.), contre seulement trois dans les universités privées. Les facultés les plus sélectives sont évidemment les plus difficiles à intégrer.
Les frais d'inscription et les droits de scolarité sont beaucoup plus élevés dans le privé : cela coûte au total un million de yens (9 100 euros) par an, contre 400 000 yens (3 600 euros) dans le public.
Commentaires
Enregistrer un commentaire