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Le bouddhisme


B.a.-ba du bouddhisme japonais

Le bouddhisme est créé en 500 avant Jésus-Christ, après la naissance de l'hindouisme, par un prince qui vit dans l'actuel Népal. Il s'appelle Siddhārtha Gautama. En apercevant les difficultés de vivre dans ce monde, il se demande comment sauver les gens. Après de nombreux entraînements spirituels, il atteint enfin l'illumination et on le surnomme alors Shākyamuni (sage du clan Shākya) ou Bouddha (l'Éveillé). L'illumination, à l'origine du bouddhisme, est composée de quatre vérités nobles et de huit chemins. Les quatre vérités nobles sont :
  • La vie est souffrance.
  • La cause de cette souffrance est notre désir.
  • L'élimination de notre désir est le seul remède à cette souffrance.
  • La poursuite du chemin de Bouddha est requise pour l'éliminer.
En ayant un aperçu clair de la nature, Bouddha s'est rendu compte que toutes les choses de notre monde étaient transitoires et que nous étions tourmentés dès que nous y étions attachés. Pour résoudre ce problème, les huit chemins de Bouddha (Hasshōdō) représentent les huit pratiques nécessaires pour interrompre le désir :
  • Avoir un jugement impartial (shōken).
  • Avoir une pensée sincère (shōshiyui).
  • Faire de bonnes actions (shōgō).
  • Avoir un métier honnête (seigyō).
  • Mener une existence honnête (shōmyō).
  • Avoir une alimentation pure, sans viande ni poisson (shōshōjin).
  • Avoir du respect (shōnen).
  • Pratiquer la méditation (shōjō).
Basé sur la compréhension de l'éphémérité de la nature, le bouddhisme est un moyen pour vivre dans la réalité. De ce fait, certains disent qu'il comprend davantage de méthodes rationnelles que les religions occidentales. De plus, le bouddhisme s'est divisé, au début de son histoire, en deux grands groupe : l'école du grand véhicule (Daijō bukkyō) et celle du petit véhicule (Shōjō bukkyō). Le petit véhicule était le courant principal il y a deux mille ans. Cependant, comme il était d'une sévérité excessive, les croyants ont créé les préceptes du grand véhicule, plus faciles à pratiquer pour les citoyens. Sans rien modifier de l'essence du bouddhisme, c'est celui-ci qui s'est répandu au Japon. Les principales différences entre ces écoles sont les sūtra et les préceptes. Les disciples du petit véhicule croient aux Bodhisattva (Bosatsu), les êtres qui cherchent à atteindre le nirvāṇa pour sauver les gens qui souffrent. En un mot, le grand véhicule est pour tout le monde et le petit véhicule est réservé aux bonzes qui peuvent pratiquer les exercices stricts enseignés par Bouddha.

Arrivé au 6ème siècle du continent asiatique, le bouddhisme compte aujourd'hui une dizaine d'écoles et plus de 160 fractions au Japon. Certaines d'entre elles ont été créées par le peuple japonais. Bien que le bouddhisme ne soit pas une religion, les Japonais vénèrent Bouddha et Bodhisattva comme un dieu. La plupart des Japonais sont bouddhistes et font pratiquer leurs funérailles par un bonze. Mais ils limitent souvent le bouddhisme à la mort et à la vie après la mort.

Dans le bouddhisme quatre figures existent : Nyōrai, Bosatsu, Myō-ō et Ten. Nyōrai correspond à Bouddha. Bosatsu cherche à atteindre l'éveil afin d'aider les humains coincés dans un monde corrompu. Les différences entre eux sont que Nyōrai, qui a transcendé son ego et toute sa vanité, s'habille assez simplement, sans aucun ornement, tandis que Bosatsu porte souvent une couronne et plusieurs accessoires parce qu'il ne s'est pas encore évadé de ses désirs… comme nous. Myō-ō, le "roi de la lumière", est l'incarnation rouge de colère de Nyōrai. Il punit non seulement les diables pour protéger le monde, mais aussi les paresseux qui n'observent pas les commandements. La statue de Myō-ō porte souvent une épée et une auréole de flammes derrière elle. Ten représente un gardien, qui a originairement été emprunté à l'hindouisme puis intégré au bouddhisme. Les statues de Ten sont d'une extrême diversité et présentent des influences plus ou moins marquées de la culture indienne, himalayenne, chinoise et coréenne. Les quatre figures tutélaires, Shitennō, sont particulièrement connues pour protéger le nord, l'est, le sud et l'ouest. Ces quatre figures importantes forment le monde du bouddhisme. Bouddha est en général assis, tandis que Bosatsu, Myō-ō et Ten sont debout.

La pagode des temples bouddhiques représente la tombe de Bouddha, et on dit qu'un fragment de ses os est conservé à l'intérieur. Mais c'est en fait une perle qui s'y trouve.

Au Japon, chaque famille possède son propre blason et celui-ci est gravé sur leur tombe. Des plaquettes en bois (sotoba) sont installées autour de la tombe. On y écrit le nom posthume du défunt, donné par un bonze, afin de prier pour son repos. Les Japonais se rendent au cimetière plus souvent que les Français. Ils y mettent des fleurs, de l'encens, des bougies et des offrandes. À titre indicatif, on peut les acheter dans les magasins qui se trouvent souvent à côté du cimetière. Des seaux et des puisoirs sont aussi préparés à l'entrée du cimetière. La période d'O-bon (entre le 13 et le 16 août), au cours de laquelle les esprits des morts reviennent dans ce monde, correspond à la fête de la Toussaints en France.

Si ce sont des familles croyantes de la Jōdo-shū, l'école du bouddhisme de la Terre pure, les mots Namu-Amidabutsu (Je vénère Amida Bouddha et suis sa doctrine) sont marqués sur leur tombe. Pour exprimer le paysage du paradis, l'architecture du temple de cette école est plus lumineuse et décorative que celle du temple zen, qui est sobre et petit mais possède des salles de méditation et des jardins. Les différences entre le bouddhisme de la Terre pure et le bouddhisme zen ressemblent aux différences entre le catholicisme et le protestantisme. Le zen se caractérise par son précepte strict dans lequel les croyants doivent travailler par eux-mêmes pour atteindre l'illumination, tandis que ceux du bouddhisme de la Terre pure demandent à Bouddha de les sauver. Ce dernier est une école populaire et c'est pourquoi les salles de prière sont vastes, de sorte que beaucoup de gens puissent prier.

Il est difficile de marquer une séparation nette entre le shintō, la " voie des dieux "("shin" veut dire dieu et "", voie) et le bouddhisme. La raison la plus importante de cette coexistence pacifique est le fait que le shintō concerne ce monde, tandis que le bouddhisme traite du monde des morts et des âmes des défunts. Ces deux religions se complètent. De plus, le shintō a plusieurs dieux mais n'a aucun dogme ni texte sacré, tandis que le bouddhisme a plusieurs écritures mais aucun dieu. Ainsi, il est tout à fait possible au Japon de construire un monastère bouddhiste à côté d'un sanctuaire shintō.

Bouddhisme Shingon

Apporté par Kūkai qui avait étudié la doctrine tantrique en Chine, le précepte Shingon, littéralement " vraie parole " en japonais, consiste à découvrir le bonheur en soi-même : celui-ci est en nous en permanence, même si l'homme le cherche souvent ailleurs. Il en va de même pour les citadins d'aujourd'hui qui, submergés par leur vie contemporaine, en oublient leurs besoins réels. Par leurs prières et méditations quotidiennes, les disciples se consacrent à une chose primordiale dans leur vie : exprimer leur gratitude. Depuis plus de 1200 ans, ce dogme tient une place significative dans la foi japonaise. D'après ce culte, Kūkai, aussi appelé Kōbō-Daishi, vit toujours dans une partie reculée du mont Kōya (Kōya-san, préfecture de Wakayama) et prie pour la paix dans le monde et le bonheur de chacun.

Bouddhisme Zen

Le Zen a été introduit et répandu par Eisai (Rinzai-shū), à la fin du XIIème siècle et par Dōgen (Sōtō-shū), au début du XIIIème siècle. Tandis que les croyants des autres sectes bouddhiques récitent des invocations ou font réciter des sūtra par des moines pour se ménager la faveur de Bouddha, ceux du zen cherchent à parvenir à l'illumination au moyen de la méditation assise et silencieuse, le Zazen. A la différence de la prière chrétienne, cette méditation consiste en une communication interne avec soi-même. Les moines Zen essaient, à travers de longues années de pratique du Zen et une vie austère, de se débarrasser l'esprit de toute préoccupation et de saisir intuitivement la vérité absolue, le satori. Il faut s'asseoir jambes croisées, les yeux légèrement ouverts, le dos parfaitement droit et les mains posées, l'une sur l'autre, paumes vers le ciel. Les jeunes sont souvent observés pendant leur pratique du Zazen. Des temples Zen sont ouverts aux gens qui désirent pratiquer le Zazen pendant une période limitée. Au XIVème siècle, des activités artistiques, comme la littérature chinoise, le cha-no-yu (cérémonie du thé), l'art des jardins ou la peinture, se sont développés chez les moines Zen du Rinzai-shū. Depuis, le Zen a exercé une influence considérable sur la culture japonaise.

Bouddhisme contemporain

Après le grand tremblement de terre du Tōhoku de 2011, les gens se sont mis à réfléchir sur la vie et la mort et certains moines tentent de renouveler le bouddhisme. En effet, le bouddhisme limité aux obsèques fait l'objet de critiques sévères depuis longtemps. Or, des jeunes moines clairvoyants se démènent pour rallier au bouddhisme les gens confrontés aux difficultés actuelles.

Le centre de prévention des suicides de Kyōto (Kyōto jishi jisatsu sōdan senta), une organisation à but non lucratif, est géré par des civils et des bonzes du Jōdo-shinshū, une école du bouddhisme de la Terre pure dont le siège se trouve au temple Nishi-honganji à Kyōto. Depuis sa création en décembre 2011, cette association organise des permanences téléphoniques pour les candidats au suicide, même au milieu de la nuit et le week-end. Elle offre aussi la possibilité aux familles de défunts de discuter. Le temple Myōshin-ji, grand temple zen situé à Ukyō-ku à Kyōto, a distribué des prospectus à 3400 temples de cette même école. Les bonzes du Myōshin-ji veulent dissuader les suicidaires et faire en sorte que leur temple devienne plus proche des gens en dépression. Le nombre de suicides s'élève à 30 000 personnes chaque année au Japon.

Selon une enquête récente, 95 % des Japonais ont une image positive du bouddhisme, 25 %, une image positive des temples et 10 %, une image positive des moines bouddhistes. On peut conclure que les Japonais aiment le bouddhisme mais ont moins de relations avec les temples. À cause des traditions difficiles à appréhender ainsi qu'au prix franchement opaque du kaimyō, nom posthume donné au défunts de sorte qu'il puisse entrer dans le paradis de Bouddha, la communauté religieuse est parfois exposée à des critiques. Par contre, un grand nombre de moines se sont rendus dans les régions sinistrées pour aider au nettoyage des décombres et aux opérations de reconstruction. Ils pratiquent des activités de soutien remarquées et le secours des temples est incommensurable. Quand il s'agit d'aider les plus démunis, l'enseignement de Bouddha subsiste encore.

Autre fait unique : vous trouverez un café, le Kamiyachō Ōpun Terasu, en face du cimetière, dans l'enceinte du temple Kōmyō-ji, à Tōkyō. Pourquoi ? Un jeune moine de ce temple, M. Matsumoto, a eu cette idée pour attirer les Tokyoïtes, dont le quotidien, très rempli, est inadapté aux visites fréquentes au temple. Les habitants du quartier et les hommes d'affaires viennent ici pour se reposer ou déjeuner. Le café propose du thé et des gâteaux, mais les clients ne sont pas obligés de commander et sont autorisés à apporter de quoi manger (bentō). Ils peuvent profiter de leur passage pour confier leurs secrets ou soucis à des moines, puisque c'est un temple.

Pourquoi ce courant du bouddhisme s'est-il développé récemment? Les Japonais sont rassurés d'avoir les enseignements de Bouddha pour les aider à sortir de l'embarras ou ne pas se laisser décourager par les difficultés. Il est pourtant difficile de toujours trouver le bonheur à notre époque où existent plusieurs échelles de valeur. De plus, les catastrophes de 2011 ont faits revenir les Japonais à des questions plus fondamentales.

Lorsque le chef d'État bhoutanais, Jigme Khesar Namgyel Wangchuk et son épouse sont venus encourager le Japon à la suite du grand tremblement de terre, le peuple japonais leur en a été très reconnaissant. Situé au sud-est de l'Himalaya, le Bhoutan est un petit pays dont la population est de 697 000 personnes. Cependant, le couple royal a présenté aux Japonais un concept bhoutanais particulier, proposé en 1972 par le précédent chef d'État : le BNB, bonheur national brut. L'amélioration de cet indice est la principale politique de ce pays. Selon son recensement en 2005, 46,1 % du peuple s'est dit " très heureux " et 51,6 % " heureux ". Ce constat était totalement surprenant pour les Japonais qui n'avaient suivi que l'amélioration de l'indice économique depuis les années 1960. Ils ont ainsi commencé à réfléchir à ce qu'est le bonheur.

Comment prier devant un butsudan

Le butsudan est un autel bouddhiste familial que l'on installe dans les maisons. Il est plus ou moins grand et plus ou moins ouvragé et cossu. Les Japonais ont l'habitude de prier devant pour le salut des âmes des défunts de la famille. Ils font également des offrandes de riz, thé, gâteaux, fruits et légumes. Dans le bustsudan se trouve le ihai (tablette bouddhiste sur laquelle est inscrite le nom posthume du défunt) de chaque défunt de la famille.
Pour prier :
  1. avancez jusqu'au butsudan, retirez le zabuton (coussin pour s'asseoir) et asseyez-vous en position seiza (façon formelle de s'asseoir sur les tatami : les genoux sont collés l'un à l'autre, le buste forme un angle droit avec les cuisses et les fesses reposent sur les chevilles).
  2. tournez-vous vers le ihai et esquissez un salut en vous penchant vers l'avant.
  3. allumez la bougie puis faites brûler l'encens (mettre le feu au bâtonnet puis l'éteindre en éventant avec la main, jamais en soufflant dessus) et le placer dans le brûle-parfum.
  4. joignez les mains et priez du fond du cœur.
  5. tournez-vous à nouveau vers le ihai et saluez. Reculez-vous.

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