Au Japon, l'horticulture est pratiquée par les personnes de tous âges et le bonsai est très populaire chez environ un million d'amateurs d'âge moyen. En français, ce mot se prononce [bonzaï], mais en japonais, on dit [bonsaï]. L'art du bonsai consiste à cultiver des plants miniatures avec beaucoup de minutie et de persévérance, et à les transformer en une œuvre d'art magnifique.
Les plus belles œuvres sont le fruit d'un travail de plusieurs années. Certains coûtent plusieurs millions de yens. De plus, cet art du jardinage est un loisir convivial et facile à pratiquer quotidiennement. Même s'ils n'ont pas de grands jardins, les voisins discutent de jardinage devant leurs étagères de bonsai situées sur la rue. Le pin est le plus célèbre des bonsai, du fait de sa résistance et sa facilité d'entretien. C'est un arbre persistant à l'écorce patinée.
Les arbres à larges feuilles caduques comme l'érable (momiji), l'orme ou le zelkova (keyaki) sont appréciés parce qu'ils changent avec les saisons. Il y a aussi des bonsai dont les fleurs sont magnifiques comme le prunier (ume) ou l'azalée (satsuki). Ils représentent une exception dans cet art car ce sont plutôt les feuilles qui sont considérées d'habitude. Vous pourrez admirer des bonbai (bonsai de pruniers) en fleurs à Nagahama (Shiga), où se tient chaque année une exposition, entre janvier et mars.
Les spécialistes du bonsai ont inventé plusieurs techniques pour parvenir à tailler un grand arbre dans un petit pot. L'une d'elles, la ligature des jeunes plants avec des fils de fer, en japonais harigane, est importante pour donner sa forme au bonsai.
Les micro bonsai (gokushō-mame-bonsai), sont des bonsai extravagants qui partagent pourtant le même concept que le bonsai classique : il s'agit d'une représentation réduite de la nature. L'esprit de cet art reste inchangé et persiste dans les nouvelles techniques.
Comme les objets rares, la valeur d'un bonsai s'élève à mesure que les années passent. Sur certains vieux bonsai, une partie du tronc est dénudée. Cette partie, appelée shari (os de Bouddha), est précieuse et contraste avec la couleur brune des parties où l'écorce subsiste (mizu-sui, mizu = eau et sui = absorber), car la sève y circule encore. Cette opposition illustre le cours de l'existence : la vie et la mort.
L'équilibre des branchages est particulièrement important. Comme il faut plusieurs dizaines d'années pour obtenir des rameaux sur une partie non ramifiée, certaines personnes utilisent des greffons afin de confectionner librement leur œuvre dans un court laps de temps. Le greffon doit être du même genre que le porte-greffe, mais il est possible de jouer sur la variété de couleur des fleurs du greffon. On troue le tronc pour y insérer un rameau en le vissant. La soudure se fait naturellement en environ deux ans.
Pendant longtemps, le rosier était considéré comme inadapté au bonsai car son tronc ne grossit pas. Cependant, un spécialiste des rosiers a remarqué que leurs racines deviennent plus grosses que leurs troncs. Il a transplanté des rosiers une fois par an en surélevant petit à petit leurs racines pour les exposer au soleil et les endurcir. C'est ainsi qu'il a inventé le bonsai de rosier.
Étant donné qu'un bonsai était peint sur la tombe du fils de Wu Zetian (625-705), la seule impératrice de toute l'histoire de Chine, on estime que l'origine du bonsai remonte au VIIème siècle. On estime que son arrivée au Japon remonte à 800 ans et représentait l'un des plaisirs des nobles. Sur certaines peintures en rouleau de l'époque de Kamakura (1185-1333), on peut voir des pins bonsai dans le jardin des résidences des aristocrates. Le pin est très populaire au cours de l'époque d'Edo (1603-1867) et d'après une peinture datant de cette période, beaucoup d'arbres ont été cultivés dans le grand jardin de la famille Tokugawa (lignée du shōgun du début de cette époque), à Kishu. Dès lors, le bonsai s'est généralisé chez les personnes qui n'ont pas de jardin et plusieurs sortes de plants ont été développés.
Depuis longtemps, l'arbre principalement utilisé pour le bonsai est le pin. Comme il garde ses aiguilles en hiver et peut pousser sur des sols pauvres, il est le symbole de la longévité et de la prospérité éternelle de la famille. Au nouvel an, les Japonais ont coutume de mettre devant leur maison le kadomatsu, branches de pin et de bambou servant à décorer la porte d'entrée pour bien accueillir le dieu descendant dans ce monde.
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