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Machiya

B.a.-ba des bonnes manières

Au cours de votre voyage au Japon, vous aurez plusieurs fois l'occasion de voir des maisons traditionnelles japonaises. Certaines accueillent les touristes pour leur montrer l'intérieur et comment se déroule la vie quotidienne. Avant de partir au Japon, voici quelques règles à savoir.

Quand vous entrez dans une maison japonaise, vous ne devez en aucun cas marcher avec vos chaussures sur le plancher ou le caillebotis. Vous devez toujours retirer vos chaussures dans l'entrée et ne pas les mettre sur le caillebotis (sunoko) ou le plancher où vous allez marcher en chaussettes. Ceci a pour but de ne pas faire rentrer la saleté de la rue dans la maison et de ne pas abîmer les tatami, très délicats, sur lesquels vous allez vous asseoir et peut être dormir. Dès que vous vous déchaussez, montez sur le plancher surélevé sans mettre les pieds sur le carrelage où sont étalées les chaussures.

On calcule les dimensions d'une pièce d'après le nombre de tatami. Un tatami mesure environ 0,9 m de large sur 1,8 m de long, ce qui offrait jadis à un Japonais moyen suffisamment de place pour dormir. Il ne faut pas en conclure que les Japonais dorment par terre. Le soir venu, ils sortent d'un placard leurs matelas et couvertures (futon) et préparent leur lit. Dans les vieilles maisons japonaises, le sol de toutes les pièces, à l'exception de l'entrée, de la cuisine et des sanitaires, est recouvert de tatami.

Dans la pièce japonaise, la place d'honneur est celle devant l'alcôve ménagée dans le mur (tokonoma) où sont présentés un rouleau avec une peinture ou une calligraphie sur papier ou sur soie (kakejiku) et un arrangement de fleurs (ikebana). La place la moins avantageuse est celle près de la porte. Pourquoi le supérieur s'assoit-il dos au tokonoma ? Parce qu'autrefois cette place était la plus sûre en cas d'attaque surprise alors que la position à côté de l'entrée était la plus dangereuse. Quand on propose à un de ses invités de s'asseoir à la place d'honneur, il commence normalement par refuser avec humilité.

Les Japonais essaient de ne pas marcher sur les coussins carrés (zabuton) utilisés pour s'asseoir sur les tatami, pour témoigner du respect aux hôtes. Pour s'asseoir de manière convenable, il faut d'abord s'agenouiller à côté du coussin puis s'avancer peu à peu sur les genoux. Sachez que l'avant du zabuton ne présente pas de couture. Les points cousus au milieu du coussin sont au nombre de trois pour les produits de Kyōto et quatre, pour ceux des autres régions du Japon. Les passementeries des quatre coins permettent de chasser les mauvais esprits pour protéger la personne qui s'assied. Avec le changement du style de vie, se tenir assis les jambes pliées (seiza) est devenu difficile même pour les Japonais, encore plus pour les touristes étrangers. Si vous avez l'occasion de vous asseoir et que vous avez les jambes engourdies, dressez-vous à demi pour attendre que les fourmis disparaissent et levez-vous lentement. Certaines pièces de restaurants japonais ont un plancher creusé (horigotatsu) pour déplier les jambes sous la table. C'est un genre de kotatsu (table basse japonaise recouverte d'une couverture et munie d'une unité de chauffage).

La plupart des logements japonais actuels disposent d'une salle de bain, mais les Japonais allaient et vont encore aujourd'hui au bain public (sento), reconnaissable à sa haute cheminée et aux nombreuses personnes qui, le soir, y entrent ou en sortent. Vous devez impérativement vous laver en dehors du bassin ou de la baignoire avant de pénétrer dans le bain qui ne sert qu'à se réchauffer ou se détendre. L'eau du bain est en effet commune.

Histoire

Les Japonais vivent de moins en moins dans les maisons traditionnelles. Avec l'occidentalisation du mode de vie, ils achètent des maisons modernes ou des appartements et dorment dans des lits, plutôt que dans des futon. Toutefois, les maisons traditionnelles sont vraiment agréables et elles sont le fruit d'une expérience architecturale acquise au cours des siècles. Les matériaux naturels résistent plus longtemps que le béton. De plus, les maisons typiques apportent une atmosphère intime aux familles qui y habitent.

Dans la ville et la préfecture de Kyōto, sept lieux sont classés comme Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager (Dentōteki kenzōbutsugun hozonchiku) : Kamigamo, Sanneizaka (près du temple Kiyomizu-dera), Gion-Shinbashi, Saga-Torīmoto (à Arashiyama), Miyama (à Nantan), Kaya (à Yosano) et Ine (un village de pêcheurs au nord de Kyōto). Sanneizaka, Gion-Shinbashi et les recoins de Shijō dissimulent de véritables trésors : les machiya.

L'origine des machiya remonte à l'époque Heian (794-1185). Kyōto étant l'ancienne capitale, de nombreuses maisons élégantes y ont été construites. En comparaison, les machiya n'étaient que des cabanes où les citoyens et les marchands faisaient du commerce. Après la guerre d'Ōnin (guerre de 1467 à 1477), ce sont les marchands qui ont relevé et ranimé la ville. Ils ont alors cherché à améliorer les machiya de façon originale. Celles-ci ont été généralisées en centre-ville et plusieurs styles de construction ont vu le jour, comme les ochaya ou les sento (bains publiques).

Après l'époque Edo (1603-1867), les gens ont été répartis selon la hiérarchie shi-nō-kō-shō (samurai / shijin – agriculteurs / nōmin – artisans / kōjin – marchands / shōnin). Classés tout en bas de la pyramide sociale, les marchands ont arrêté de construire des maisons originales. Ils ont alors habité des logements édifiés en l'honneur des samurai. Originairement dépourvues de décorations somptueuses, les machiya, d'apparence sobre, ont été ornementées pour répondre à l'esthétique de l'époque. Certains vieux magasins de Kyōto datent de cette époque. Les maisons des particuliers ont ainsi changé au fil de l'histoire. Après la modernisation de l'époque Meiji (1868-1912), Kyōto s'est animée avec une industrie de kimono variée telle que nishijin-ori et yūzen-zome, ainsi que la faïence et la poterie (kyō-yaki). Fortunés, ces commerçants ont contribué à la cohésion des machiya qui sont passés à la postérité. Bien des machiya, que l'on peut découvrir aujourd'hui, ont été construites au début du 20e siècle. Certaines ont donc plus de 100 ans ce qui est rare pour ce genre de constructions en bois avec un climat aussi défavorable que celui du Japon.

Le noren, rideau de coton teint servant traditionnellement d'enseigne à l'entrée des boutiques, des restaurants et des bains publics, a été développé à Kyōto en raison de l'exiguïté des façades. Le noren existait déjà aux environs du Xème siècle, mais n'est utilisé que depuis le XVème siècle pour indiquer le nom du magasin et des marchandises.

A Kyōto, beaucoup de machiya ont été construites avant la Deuxième Guerre mondiale et reflètent les tendances de cette époque. Les machiya sont faites de bois, de bambou et de terre, avec parfois une finition en plâtre, et sont surmontées d'un toit en tuiles cuites.

Machiya café

Aujourd'hui, les machiya cafés sont en vogue chez les jeunes de Kyōto. Même si on n'y habite pas, on y ressent une certaine nostalgie. Le confort de certains machiya cafés donne l'impression d'être invité chez un ami. Leur arrangement intérieur est parfois occidental. Tout en appréciant le petit jardin, vous pouvez vous régaler de bons repas. Ils ne sont pas très chers et c'est ce qu'il y a de mieux !

Non seulement les maisons, mais aussi tous les logements typiques de Kyōto ont un soubassement rectangulaire car on fixait autrefois la taxe d'habitation selon la largeur de façade. C'est pour ça que les maisons de Kyōto ont des petites façades mais une grande profondeur. Elles sont surnommées " lits d'anguilles " (unagi-no-nedoko). À Kyōto, les machiya sont des maisons qui comprennent un espace marchand et un lieu de vie. La superficie est comptée en tsubo (3,3m²).

Alors que certaines maisons sont vendues en raison du vieillissement des propriétaires, beaucoup d'entre elles sont transformées en cafés, très agréables. Certains machiya cafés proposent des menus pour le déjeuner, d'autres sont ouverts jusque tard le soir et vous pouvez y dîner comme dans une brasserie.

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