Les enfants peuvent-ils jouer dehors sans risque vis-à-vis de la radioactivité ? Voici la crainte actuelle des sinistrés du Tohoku. Ce n’est pas rare que les familles déménagent vers d’autres régions et que les élèves changent d’école. Certains clubs sportifs manquent de membres et ils ne peuvent pas organiser d’équipe.
Au Japon, ce sont toujours des villages souffrant du dépeuplement et de l'absence d’industries qui ont subi l’installation de centrales nucléaires. Il est certes indéniable que les villageois ont bénéficié d’un effet économique. Cependant, en vertu de la politique énergétique de l’Etat, le gouvernement a agi malgré l’opposition des habitants, sans pleinement se rendre compte des risques d'accident. Le réacteur de la photo ci-dessus, nommé Monju, était source d'inquiétude pour les riverains, bien avant le tsunami de 2011.
Ce n’étaient pas seulement les gens ordinaires qui étaient trop optimistes. Le temple Eihei-ji, maison mère de l’école bouddhiste Sōtō-shu, qui compte au Japon 15 000 monastères et huit millions de croyants, a donné des noms de bodhisattva au réacteur avancé Fugen et au surgénérateur Monju, à Tsuruga .
« Nous confessons avant tout que c’était notre faute parce que nous ne nous sommes pas rendus pleinement compte du risque des centrales nucléaires. Les centrales nucléaires sont des héritages empoisonnés qui engendrent des déchets radioactifs et des risques d’altération de l’ADN par les radiations. C’est contraire au dogme du bouddhisme qui place la vie au regard de la persistance du temps», dit M. Shoho Nishida, directeur du temple Eihei-ji et secrétaire général de l’ordre du bouddhisme zen. Après ce discours, il lance un appel à la réflexion pour trouver une alternative à la centrale nucléaire.
Que pouvons-nous faire pour que les enfants du Tohoku puissent jouer dehors sans souci ? Il est question ici de l’élimination des substances radioactives. Après les catastrophes, une méthode d’élimination intégrale du césium radioactif dans les feuilles mortes et les herbes a été créée par deux chercheurs : Eisaku Katayama, chercheur à la faculté de technologie de l’université de Chiba et ex-professeur à l’institut médical et scientifique de l’université de Tokyo, et Isamu Kawakami, directeur de l’entreprise Ato, à Shibukawa dans la préfecture de Gunma.
Ils ont découvert que le césium s’unit aux phytolithes (cristaux extracellulaires de silice ou d'oxalate de calcium) présents dans les feuilles et les tiges et réussi à éliminer le césium en le séparant de ces cristaux. M. Katayama estime que cette méthode peut s’appliquer à d’autres végétaux comme la paille. Les deux experts ont remarqué que le césium radioactif se combine fortement aux minéraux dont l’élément principal est le silicate, comme le mica.
Ils ont formulé l'hypothèse que les silicates des phytolithes
produiraient le même phénomène avant de l’expérimenter. Cette méthode représente
une lueur d’espoir pour les parents et enfants de la région sinistrée. Le
travail d’élimination des substances radioactives se fait quotidiennement à grande
peine.
Commentaires
Enregistrer un commentaire